Le ralentissement économique et la crise financière ne font pas peur aux entreprises québécoises spécialisées dans les technologies de l'information et des communications (TIC), du multimédia ou du jeu vidéo. C'est tout le contraire de leurs homologues américaines, qui ont dû couper dans leurs effectifs en septembre, en raison d'une baisse de la demande de la part des consommateurs.

Naturellement, il y a un pas à franchir avant que la baisse du cours des actions en Bourse n'ait un effet sur l'emploi en général. Aux États-Unis, le marché du travail en est toutefois déjà rendu là. Même les technos, historiquement perçues comme une bouée de sauvetage à tous les niveaux, en souffrent. Les actions de géants comme Google et IBM ont perdu une bonne partie de leur valeur au fil des dernières semaines. RIM, fabricant ontarien du fameux téléphone BlackBerry, pique aussi du nez.

 

Du côté de l'emploi, le ministère américain du Travail constatait une perte nette de 3400 emplois en septembre dans les secteurs combinés des télécommunications et du matériel informatique et électronique. Il y a deux jours, le géant des enchères en ligne eBay a ajouté 1000 chômeurs de plus à cette statistique. Les analystes pensent que les coupes pourraient continuer jusqu'en 2009, le resserrement du crédit forçant les entreprises à limiter leurs dépenses en technologies de l'information et des communications.

Québec : l'optimisme règne

Au Québec, l'optimisme règne. Du moins, dans les secteurs technologiques où la province est reconnue : jeu vidéo, multimédia et services ou applications sur internet. « C'est un sujet de conversation, mais ce n'est pas encore un sujet d'inquiétude», résume André d'Orsonnens, président du conseil d'administration de l'Alliance numérique, concentrée dans ces domaines.

« J'ai parlé à plusieurs chefs d'entreprise dans chacun de ces secteurs et ça peut paraître simpliste, mais quand ils affirment tous qu'ils doivent engager davantage pour compléter leurs contrats, c'est sans doute parce que ça va bien», continue-t-il. M. d'Orsonnens est également chef de la direction de Druide Informatique, entreprise de 34 employés dont le chiffre d'affaires, dit-il, connaît une croissance continue d'au moins 20 % par année depuis l'an 2000.

Le tout nouveau président de l'Alliance numérique reprend à peu de choses près un discours qu'on entend du côté des grandes entreprises, comme CGI. Il y a 10 jours, à l'occasion d'une conférence sur la main-d'oeuvre, une porte-parole du géant montréalais des TIC confirmait que l'entreprise aimerait bien embaucher tout près d'un millier de nouveaux travailleurs au Québec, à très court terme.

Bon pour cinq ans

Autre géant, dans le jeu vidéo celui-là, Electronic Arts est également persuadé que sa croissance ne sera pas tellement touchée par la crise qui secoue présentement le secteur financier. « L'industrie du jeu vidéo en général passe très bien au travers les récessions », estime André Lauzon, producteur exécutif d'EA Mobile, qui développe des jeux pour téléphones cellulaires. « Ce n'est pas la première dépense à être coupée dans le budget consacré au divertissement par les consommateurs. »

Au contraire, M. Lauzon continue de miser sur une croissance dans son secteur. Le studio montréalais d'EA Mobile compte 374 employés. C'est le plus gros studio de la division Mobile d'Electronic Arts, qui est par ailleurs le plus important développeur de jeux mobiles au monde. Le chiffre d'affaires du studio montréalais, l'an dernier, était de 155 millions US. Au dernier trimestre, il a atteint 44 millions US. « On prévoit toujours une croissance. Nous avons des projets solides pour les cinq prochaines années », dit-il.