Confrontés à la baisse de leur pouvoir d'achat, les Français commencent à réduire leurs achats de produits high-tech et cherchent à rationaliser leurs dépenses de télécoms, optant de plus en plus pour des formules illimitées.

Les ménages consacrent en moyenne 4 à 5% de leur budget, soit 2428 dollars par an, aux technologies de l'information et de la communication (mobile, internet, ordinateurs, téléviseurs, baladeurs...), souligne Stéphane Dubreuil, directeur télécoms du cabinet SIA Conseil.

«Nous n'avons pas assez de recul à ce stade pour savoir si l'impact de la crise sera fort, mais un réarbitrage va avoir lieu», prédit-il, rappelant que le logement, l'alimentation et le transport étaient déjà touchés.

Dans la téléphonie, il s'attend par exemple à une «accélération des résiliations des lignes fixes» ou encore à un basculement de certains abonnés vers des formules pré-payées moins onéreuses.

Signe de l'inquiétude des clients, les appels vers les services consommateurs ont augmenté ces derniers mois.

Autre phénomène observé, «la diminution très forte des dépassements de forfaits, surtout chez les gens qui ont des forfaits de petite taille», explique une source proche d'un opérateur mobile.

Quelques-uns en réduisent même la durée, mais surtout «nous constatons un gros rush sur toutes les offres illimitées, voix et SMS en particulier», selon la même source.

Des glissements de comportements confirmés par les enquêtes de l'institut TNS Sofres: «les gens sont prêts à payer davantage pour des forfaits qu'ils jugent intéressants, ils ont ainsi l'impression qu'ils en ont pour leur argent», précise Arielle Bélicha-Hardy, directrice du département technologie.

La conjoncture difficile renforce un mouvement de fond du secteur: la segmentation du marché. «Le marché se polarise, il y a des clients pour l'iPhone et des clients pour le BicPhone (téléphone bas de gamme, ndlr)», analyse Alexis Trichet, directeur marketing d'Orange (France Télécom).

Dans ce contexte, le décollage de l'internet mobile, attendu par les opérateurs qui y voient un nouveau relais de croissance, pourrait être freiné. «La réticence des gens pour ces usages pourrait se radicaliser», estime Mme Bélicha-Hardy.

Toutefois «le mobile est moins touché que les autres dépenses de par son usage quotidien, les gens sont plus réticents à modifier leur comportement de manière drastique» qu'ils ne le font vis-à-vis des hôtels-restaurants ou du cinéma par exemple, relève M. Dubreuil.

Dans le même esprit, les téléviseurs et les ordinateurs portables semblent pour l'instant résister à la morosité ambiante. Même si «les foyers risquent de décaler l'achat de leur écran plat dans le temps», nuance-t-il.

Du côté des PC, «on pourrait également assister à un report de la consommation du moyen et haut de gamme vers les mini-portables, dans certains segments de population», note M. Dubreuil. Après la «course à l'innovation technologique, poursuit-il, l'informatique commence à être touchée par la tendance low-cost, comme dans l'alimentation ou l'automobile».

Les autres produits high-tech (lecteurs DVD, MP3, GPS...) font quant à eux déjà les frais du ralentissement économique. L'institut GfK vient ainsi de revoir à la baisse ses prévisions pour 2008, tablant désormais sur un marché de l'électronique grand public stable, voire en repli.

«Le moral des ménages aujourd'hui ne favorise pas forcément l'euphorie des achats, la crise financière rend clairement les Français frileux», résume Claude Floch, directeur marketing de GfK.