Erreurs de programmation, problèmes informatiques divers ou encore inexpérience des utilisateurs ont eu raison des machines à voter électroniques aux États-Unis, qui s'étaient généralisées à la suite du grand cafouillage électoral de 2000 en Floride. Ces coûteux automates s'entassent désormais par milliers dans des entrepôts, en attendant d'être détruits ou recyclés.

Le décompte des voix en Floride, lors de la présidentielle de 2000 entre Al Gore et George W. Bush, s'était déroulé dans la plus grande confusion. Entre autres, les bulletins de vote en papier comportaient des perforations faites manuellement, à la pince, devant le nom de chaque candidat. Ces marques n'étaient parfois pas assez nettes, rendant la validation difficile ou impossible, et il avait fallu les examiner à la loupe pour tenter d'interpréter l'intention des électeurs...

En 2002, le Congrès a adopté une loi, allouant 3 milliards de dollars de crédits aux États américains pour les aider à remplacer leur matériel de vote périmé, créer des bases de données d'électeurs et mieux les identifier. Les machines à voter, assuraient leurs fabricants ravis de l'aubaine, feraient disparaître les erreurs humaines et les risques de fraudes.

Mais les problèmes se multiplièrent, perturbant les élections de mi-mandat en 2006 dans des centaines de circonscriptions à travers les États-Unis. Ici, les scrutateurs du bureau de vote ne parvenaient pas à mettre en route les appareils à écrans tactiles. Là, une erreur informatique empêchait les électeurs de voter -du moins ceux qui avaient compris le fonctionnement de l'appareil...

Et ailleurs, les votes disparaissaient purement et simplement après avoir été enregistrés dans la machine. La liste des dysfonctionnements s'allongeait, tout comme les files d'attente, tandis que les spécialistes soulignaient que ces machines, pas assez sûres, étaient susceptibles d'être piratées.

En définitive, certains États importants dont la Californie, l'Ohio et la Floride ont ordonné en 2007 la mise au rancart des machines à voter électronique. Au cours des deux dernières années, la proportion des électeurs inscrits utilisant des appareils à écrans tactiles est passée de 44% à 36%.

Selon les estimations, 57% des électeurs devraient avoir recours aux bulletins de vote en papier lors du scrutin de novembre opposant le démocrate Barack Obama au républicain John McCain. Mais revenir au papier n'est pas si simple.

Durant la campagne des primaires, les électeurs ont voté en masse, provoquant des retards dans le traitement des bulletins. Il faut aussi prévoir des frais supplémentaires, pour l'impression et l'acheminement des bulletins.

D'après la Commission d'aide électorale, l'organisme officiel chargé de répartir les fonds fédéraux, 30 Etats avaient dépensé au 30 décembre 2007 quelque 253 millions de dollars pour s'équiper en nouvelles machines. Mais nombre d'entre elles, devenues inutiles, s'entassent dans les entrepôts. Un fabricant propose 1 dollar par unité pour qu'on le débarrasse de ces engins, d'une taille équivalente à celle d'un distributeur automatique de billets.

D'autres États cherchent à les vendre sur Internet ou dans les pays en voie de développement... Deborah Seiler, secrétaire générale des services électoraux du comté de San Diego (Californie), se souvient d'avoir dû envoyer à la casse 10.200 machines, après leur interdiction en Californie. Mme Seiler, ancienne employée de l'entreprise qui les fabriquait, assure que ces appareils fonctionnaient très bien. «Il n'y a jamais eu de preuves de fraudes. Tout était basé sur une probabilité».

La Floride a de son côté envoyé 30 000 machines à une entreprise de recyclage, qui les démontera pour en récupérer les composants, les détruira ou tentera de les vendre à d'autres pays ou Etats, avec un pourcentage sur ces ventes.