Il y a Robosapien, à la forme humaine. Femisapien, sa compagne, qui sait exprimer ses émotions. Roboraptor, un dinosaure, Roboreptile et Roboboa, des serpents, Robopet, un chien, Dragonfly, une libellule, et Roboquad qui, avec ses quatre pattes pointues, semble tout droit sorti du film Starship Troopers.

Depuis sa création en 1982, l'entreprise montréalaise Wowwee a enfanté une ménagerie entière. Depuis une dizaine d'années, elle est à l'avant-plan de l'irruption des robots dans le monde des jouets.

«Avec Femisapien, nous pensons vraiment que nous convaincrons les filles de jouer avec des robots», explique Amy Weltman, la vice-présidente marketing de Wowwee, jointe en Californie. «Femisapien exprime ses émotions dans son propre langage. C'est un pas de plus dans l'interactivité.»

Les robots de Wowwee étaient inimaginables voilà seulement quelques années. Ses robots volants, dont Dragonfly («la première mise en oeuvre réussie du rêve de Léonard de Vinci de voler comme les oiseaux en battant des ailes», selon Mme Weltman), peuvent être programmés pour voler de façon autonome, grâce à un système de reconnaissance des obstacles et un niveau. Certains sont équipés d'émetteurs et de senseurs infrarouges qui leur permettent de s'affronter dans les airs. Quand un appareil est touché, il pique du nez. Les modèles de guerre viennent d'ailleurs avec des ailes de remplacement, au cas où.

À ses débuts, Wowwee fabriquait des jouets technologiques pour d'autres entreprises. «Ils ont notamment fait la série d'animaux animatronics qui a été vendue chez Toys R US», dit Mme Weltman. Au fil des années, les deux frères fondateurs ont établi leur base manufacturière à Hong Kong, et leurs bureaux de marketing en Californie. Après la crise financière asiatique de 1997, leurs partenaires hongkongais les ont persuadés de profiter de la morosité et de l'assèchement des investissements en recherche pour lancer leur propre marque.

Quelques années plus tard, ils ont réussi à obtenir la permission d'utiliser les travaux d'un ingénieur de la NASA pour faire des jouets. En 2004 naissait, Robosapien, qui se distingue de ses prédécesseurs par ses mouvements et un plus grand nombre d'articulations.

Certains des derniers produits de Wowwee sont désopilants. C'est le cas de Tri-bot, qui roule sur trois roues, et que les parents peuvent programmer en mode «alarme» - il poussera des cris perçants jusqu'à ce qu'on lui flatte la tête. «C'est parfait pour réveiller les enfants dans la bonne humeur avant l'école», affirme Mme Weltman.

Une caméra mobile dotée d'un accès wifi qui la connecte à l'internet est aussi intéressante; on peut la programmer pour qu'elle fasse un circuit à l'intérieur de la maison, et même qu'elle aille se brancher pour un rechargement quand les piles sont faibles, grâce à un récepteur GPS branché sur les satellites.

Qui sont les fameux fondateurs montréalais? «Ils préfèrent garder un profil bas», affirme Mme Weltman, après avoir donné leurs noms - par ailleurs disponibles sur les prospectus financiers. La fille adolescente de l'un d'entre eux, Nikki Yanofsky, a fait parler d'elle récemment avec des concerts et des enregistrements jazz. L'an dernier, Wowwee a été achetée pour 65 millions par une entreprise montréalaise spécialisée dans les paiements internet, le Groupe Optimal.