La vie des films en format DVD est-elle menacée? Oui, cela ne fait aucun doute, mais il est ridicule de croire que les galettes vidéo vont disparaître subitement, comme les dinosaures balayés par la chute d'une météorite géante. Et il y a de fortes chances que le prochain souverain à monter sur le trône ne soit pas celui qu'on croit : avant même d'être adopté par le public, le gagnant de la guerre de la haute définition, le format Blu-ray, voit poindre une technologie aussi performante, le téléchargement de films.

Le Digital Versatile Disc (disque numérique versatile) est dans le décor dans sa version vidéo depuis 1997 et il lui a fallu environ cinq ans pour prendre la place de la cassette VHS, née en 1976 et qui avait mis environ 10 ans pour détrôner sa concurrente, la cassette betamax. Le virage à la haute définition ne peut pas se faire de façon instantanée (on ne remplace pas un parc de téléviseurs et de lecteurs d'un seul coup), et il est normal d'estimer que le passage au nouveau format prendra autant de temps que les deux épisodes précédents. Ce qui assure encore quelques belles et bonnes années au DVD.

L'histoire étant un perpétuel recommencement, une autre guerre s'est amorcée ces dernières années, celle de la haute définition sur disques vidéo, opposant deux technologies différentes, le Blu-ray du clan Sony et le HD-DVD du clan Matsushita. Le public était encore devant un choix déchirant : les lecteurs n'avaient aucun lien de parenté, si ce n'est la HD, et les studios de cinéma étaient partagés. Ce sont d'ailleurs ces derniers qui ont tranché, ce printemps, quand le groupe Warner Bros s'est rallié au consortium Blu-ray. Toshiba n'avait plus qu'à jeter la serviette.

Cette victoire a laissé croire à certains que le Blu-ray allait être la «météorite» qui rayerait le DVD de la carte. Ce qui n'a pas tardé à inquiéter les amateurs de films un tantinet rébarbatifs aux changements technologiques - qui se demandent d'ailleurs encore si leurs films sur DVD ne se feront pas bouter par le nouveau champion.

Qu'ils ne s'en fassent pas. Leur collection de films sur disque représente toujours une valeur sûre et ils pourront conserver leur lecteur DVD le temps qu'ils voudront. Et ce n'est pas encore demain matin qu'ils ne trouveront que des films en BRD sur les tablettes de leur club vidéo. Même quand ce jour sera venu, les «vieux» disques tourneront encore, car les lecteurs de nouvelle génération sont rétro-compatibles.

Le téléchargement de films pourrait faire toute la différence

Si le Blu-ray est la troisième génération de la vidéo en conserve, cela ne signifie pas nécessairement que cela soit son tour de faire la pluie et le beau temps. Dans cette industrie où le mot logique ne semble pas exister, le prétendant naturel pourrait bien ne jamais monter sur le trône. Le coup d'État pourrait plutôt être l'oeuvre d'un joueur plus flexible, sorti de l'univers du multimédia : le téléchargement de films.

Il faut se rappeler qu'à l'été 2004, Bill Gates, le grand manitou de Microsoft, confiait au journal allemand Bild que le DVD ne durerait au grand maximum pas plus de 10 ans, car selon lui le fait d'utiliser un disque argenté semblera tout bonnement ridicule dans le futur proche. Prédiction qu'il répétait en partie, en janvier dernier, quand il disait au USA Today que la tendance allait de plus en plus vers le téléchargement direct par bande large : «Avec le temps, cela deviendra la façon dominante pour se procurer des films».

Comme presque tout le monde possède maintenant un ordinateur, il suffira d'une connexion rapide et d'un abonnement pour puiser dans les banques de films. Une façon de faire qui peut sembler inhabituelle pour les baby-boomers et les plus vieux, mais qui est toute naturelle pour les autres générations, tombées dans le numérique dès leur jeune âge. Il ne faudra sans doute pas longtemps pour que le téléchargement de films devienne aussi automatique que celui de la musique, présentement.

Pas mal plus simple que le virage technologique de la vidéo haute définition et tous les changements qu'il implique.