Les chercheurs de l'Université Laval auront bientôt un gros, gros joujou dans leur cour. Au début de 2009, en effet, on assemblera sur le campus un «supercalculateur» qui devrait se hisser parmi les 20 ordinateurs les plus puissants de la planète.

La machine devrait être composée de 1728 serveurs informatiques rassemblant près de 14 000 processeurs reliés entre eux. «Si on le compare aux derniers modèles de PC haut de gamme, le supercalculateur devrait être environ 5000 fois plus puissant», a illustré hier, en conférence de presse, Marc Parizeau, professeur au département de génie électrique et informatique qui pilote le projet.

L'engin sera installé en janvier 2009 et trouvera ensuite une foule d'applications scientifiques. Il permettra notamment de faire des simulations très complexes impliquant un grand nombre de variables - et donc potentiellement des milliers d'équations à résoudre simultanément.

Les météorologues, par exemple, y trouveront certainement leur compte, puisque simuler le climat demande de prendre en compte de multiples facteurs, comme la composition de l'atmosphère, les courants marins, l'activité du Soleil, etc. Des modélisations très diverses - d'ailes d'avion, de pneus et de turbines en ingénierie, mais aussi des «simulations de société» utilisées par les économistes - pourront également s'y effectuer, sans compter d'autres applications en sciences de la santé, en génomique, etc.

Le coût total du supercalculateur sera de 12,5 M$, dont 9,4 M$ serviront à acquérir le matériel informatique et 3,1 M$ à aménager les lieux. La Fondation canadienne pour l'innovation (FCI) et la province en financent 40 % chacune; le reste proviendra de partenariats.

La création d'une «plateforme nationale de supercalculateurs» était une priorité pour la FCI, a expliqué M. Parizeau, car «en ce moment, à l'échelle canadienne, on est au ras des pâquerettes. Avec la plateforme, on va pouvoir passer au niveau mondial». Un total de 150 M$ seront dépensés prochainement pour doter le Canada de sept «centres de calcul haute performance».

De ce montant, 37,5 M$ ont été alloués à un consortium d'universités québécoises (nommé CLUMEQ), en comptant les 12,5 M$ de l'Université Laval. Montréal héritera des 25 M$ restants pour installer deux superordinateurs à l'École de technologie supérieure.

Aussi vert qu'il se peut

Le nouvel équipement sera installé dans la «tour» située juste au nord du pavillon Vachon. Ce silo abritait jusqu'à récemment un accélérateur de particules, dont les physiciens se servent pour provoquer des collisions à grande vitesse entre des particules élémentaires afin d'étudier la matière à très petite échelle. L'accélérateur datait toutefois des années 60, dit M. Parizeau, et était devenu désuet.

Les serveurs, poursuit-il, seront disposés en cercles sur trois étages de façon à ventiler la chaleur qu'ils produisent - l'équivalent de 6000 ampoules de 100 watts ! - vers l'intérieur. Non seulement ce procédé permettra-t-il une aération plus efficace, mais encore la chaleur pourra-t-elle être récupérée pour chauffer les locaux de l'université. L'économie d'énergie sera d'environ 1,6 million de kilowattheures par année.

«Un supercalculateur comme celui-là ne peut pas vraiment être "vert", parce qu'il consomme beaucoup d'énergie, mais par rapport à ce qui existe à l'heure actuelle, on va être parmi les sites les plus efficaces», prévoit M. Parizeau.