Le prix de l'essence n'affecte pas que le budget des consommateurs. Les entreprises qui gèrent un parc automobile, ou même celles qui doivent tenir des réunions sur une base régulière, sont aux prises avec des coûts de transport qui grimpent furieusement. C'est en partie ce qui explique pourquoi la vidéoconférence est peut-être la technologie informatique la plus en demande ces jours-ci.

«La téléprésence est sans contredit la technologie émergente qui connaît le plus de succès pour nous en ce moment», confirme le président de Cisco Canada, Nitin Kawale. M. Kawale était virtuellement de passage à Montréal, le mois dernier, pour présenter sa nouvelle technologie.

Virtuellement, car en réalité, il était bien calé dans un fauteuil de son bureau de Toronto. Les journalistes avaient droit aux mêmes fauteuils, mais étaient bel et bien à Montréal, dans les nouveaux bureaux régionaux de l'entreprise californienne. Grâce à trois écrans, trois caméras et trois micros placés stratégiquement autour de la table de conférence, tout le monde était pourtant réuni au même endroit au même moment.

Des économies substantielles

M. Kawale est certain que cette technologie connaîtra beaucoup de succès. «C'est la prochaine grande zone de croissance des TIC (technologies de l'information et des communications) entre entreprises», dit-il, citant au passage le nom d'entreprises comme Rogers et Procter&Gamble, qui ont adopté cette solution. Pour sa part, Cisco aurait épargné 150 millions de dollars en transport au cours des 18 derniers mois.

En entrevue au New York Times, la semaine dernière, les porte-parole de deux autres sociétés offrant des solutions de vidéoconférence aux entreprises ont fait des déclarations similaires: cette technologie a la cote en ce moment en raison du coût élevé des transports.

Suffisamment élevé pour absorber un investissement qui peut facilement dépasser les 30 000$, le coût d'un système de base, selon Ken Crangle responsable de la plateforme de vidéoconférence de Hewlett-Packard. «La plupart de nos clients affirment qu'ils ont pu compenser pour cet achat très rapidement en économisant sur leurs coûts (de transport).»

Le meilleur des deux mondes

Quand on pense vidéoconférence, on a généralement deux images en tête: celles d'un logiciel de messagerie instantanée gratuit et grand public, qui produit une image et un son de piètre qualité, ou alors un coûteux service pour les grandes entreprises. Or, quelque part dans le milieu, il existe d'autres options qui jumellent le meilleur de ces deux mondes.

Le mois dernier, la société montréalaise VidéoPresse a diffusé en direct sur la Toile les coulisses du Webcom 2008, une conférence qui fait la promotion de l'internet au sein des entreprises. Grâce à une plateforme gratuite déjà existante, celle de Yahoo! Live, VidéoPresse pouvait à la fois diffuser ses images et voir, à l'écran d'un ordinateur, l'image tirée de la caméra Web des dizaines d'internautes qui suivaient l'émission.

Croisé quelques jours plus tard, le cofondateur de VidéoPresse, Laurent Maisonneuve, n'était pas peu fier du succès de ce projet. «Ça s'est très bien passé, a-t-il confirmé. Certains internautes ont suivi presque toute la journée en ligne.» Ceux-ci pouvaient aussi réagir aux entrevues, réalisées en direct par l'associé de M. Maisonneuve, Christian Aubry.

Un peu plus tôt cette année, VidéoPresse s'est entendue avec l'organisme montréalais TechnoMontréal, qui chapeaute l'industrie régionale des TIC. À l'ère des YouTube et autres Yahoo! Live, toutes deux estiment que les PME montréalaises ne font pas suffisamment usage de la vidéo sur l'internet. «C'est un bon moyen de réduire les déplacements de ses employés et les coûts associés à ces déplacements», conclut le président de Cisco Canada. C'est d'autant plus vrai à l'ère du litre d'essence à 1,50$...