Lorsqu'à l'été 2006 Microsoft a annoncé l'arrivée prochaine de son lecteur multimédia Zune, destiné de façon on ne peut plus évidente à devenir un concurrent de l'iPod d'Apple, les amateurs ont commencé à piaffer d'impatience. On leur offrait enfin une machine dont les caractéristiques sur papier étaient alléchantes et visiblement capables d'égaliser - voire de dépasser - celles des iPod. Près de deux ans plus tard, les Canadiens pourront bientôt voir de quoi il en retourne.

Une grande partie des acheteurs potentiels ont dû déchanter assez rapidement, le Zune n'ayant été offert qu'aux États-Unis pendant les 18 premiers mois. Finalement, ce n'est que le 13 juin (un vendredi 13!) que les Canadiens pourront se l'offrir sans devoir passer par les marchands américains, avec toutes les complications que cela impliquait. Quant aux Européens, ils vont devoir patienter jusqu'en 2009...

Microsoft étend-il le marché du Zune un peu trop tard? Chose sûre, l'iPod n'a rien à craindre, car l'usage a montré que le Zune, dans l'ensemble, n'a rien de vraiment exceptionnel. Reste donc la part de marché (tout au plus 20 %) qu'Apple n'a pas encore conquise. Là encore les troupes de Bill Gates doivent vivre avec un engouement pour les baladeurs numériques qui semble en baisse, les ventes ayant, dans l'ensemble, fortement ralenti, donnant des signes de saturation. L'avenir fournira la réponse.

Qu'a donc le Zune pour être de prime abord si attrayant? Dans un premier temps, trois options que l'on ne trouve pas sur les iPod :

- La synchronisation sans fil. Le Zune peut être configuré pour que s'effectue automatiquement le transfert de la collection de musique du PC par un réseau sans fil à domicile. Pas toujours pratique, surtout quand on a opté pour la synchronisation manuelle.

- Partage sans fil. Il est possible partager par Wi-Fi des chansons, des photos et des balados avec d'autres appareils Zune se trouvant à proximité. Les consommateurs peuvent écouter trois fois les chansons qu'ils reçoivent, sans restriction dans le temps ou les envoyer à d'autres amis qui ont un Zune. Joli, mais encore faut-il qu'il y ait un Zune dans les parages.

- Syntoniseur FM. Radio ou son d'une télévision. Le Zune affiche même le nom de la chanson et de l'artiste, à partir de l'information du Radio Broadcast Data System (RBDS) des postes qui la diffusent. Très pratique...

Côté quincaillerie, les lecteurs Zune (fabriqués par Toshiba) sont irréprochables. Sur le gros Zune, l'écran de 3,2 pouces à haute définition permet l'affichage de menus complets et, pendant la lecture de musique, montre la pochette en entier. Les vidéos s'affichent à l'horizonale. Trois boutons seulement : un gros, au centre, pour la navigation tactile dans les menus; deux petits, à gauche et à droite, l'un pour revenir à l'écran précédent et l'autre pour la lecture ou la pause. Il ne faut que quelques instants pour se familiariser avec cette configuration.

La qualité musicale est sans reproche, meileure quand on utilise un casque de qualité. Le Zune 80 est accompagné d'un casque intra-auriculaire offrant un bon rendu, exception faite d'une certaine faiblesse dans les basses. Le fil a un revêtement en tissu, très souple.

C'est plutôt du côté du logiciel et de l'utilisation que le bât blesse pour le Zune. En voulant calquer Apple, Microsoft n'a pu faire autrement que d'offrir un magasin en ligne, mais son Zune.net et son Marketplace souffrent des défauts que l'on reprochait initialement au iTunes Store. Notamment du côté exclusif du contenu et des outils spécifiques.

Un attrait, cependant : la possibilité de se procurer un abonnement (renouvelable aux mois) permettant un téléchargement illimité. Mais la fleur est suivie par le pot : les chansons sont effacées dès que l'abonnement cesse.

Et côté convivialité, on repassera. L'ensemble est présenté dans un enrobage assez joli, dans ses tons pastels, mais il aurait peut-être été plus efficace de se contenter de menus plus simples et plus évidents. La simplicité aurait peut-être également contribué à la vitesse de réaction du programme, qui semble évoluer dans la mélasse quand on l'utilise avec un système d'exploitation antérieur à Vista.

Même remarque pour le transfert des contenus et la synchronisation initiale. On ne peut s'en servir autrement qu'en passant par le logiciel et le site Zune pour l'enregistrement, la reconnaissance et le "baptême" de l'appareil. Si vous n'avez pas indiqué (ou n'avez pas eu le temps de le faire) que vous désirez intervenir "à la main", le logiciel Zune va chercher la totalité du dossier Ma musique de votre ordi. Si vous avez une collection la moindrement importante, aussi bien aller vous coucher en attendant les résultats.

Ceux qui choisiront le Zune devront accepter de devenir prisonniers de l'univers de Microsoft. Au départ, le baladeur ne fonctionne qu'avec des PC sous Windows. Le système de protection des chansons (DRM) de Microsoft fait que l'appareil n'accepte que les pièces venant de son magasin ou celles qui ont été numérisées sur le PC, à partir d'un CD. Un peu sévère, admettons-le, quand son songe qu'Apple, à qui l'on reprochait de brimer la liberté de ses utilisateurs, vient de faire tomber les barrières des droits numériques.

Grande déception également : s'il est un lecteur multimédia, le Zune n'est pas pour autant une machine universelle. Pas question de lui donner à bouffer autre chose que de la nourriture Zune et pas moyen (officiellement) de s'en servir comme disque dur externe. Oubliez évidemment l'idée d'y transférer vos fichiers par un simple glisser-déposer, comme c'est le cas pour les autres lecteurs MP3.

La famille Zune de seconde génération comprend trois modèles : le Zune 4, à mémoire flash de 4 Go (140 $), le Zune 8 à mémoire flash de 8 Go (190 $), les deux offerts en noir, en rouge et en rose, et le Zune 80 à disque dur de 80 Go (250 $), en noir ou en rouge. Parmi les accessoires indispensables, la station d'accueil et son câble audio-vidéo.

S'il était sorti trois ans plus tôt, le Zune aurait été un lecteur révolutionnaire.

Cela reste quand même une excellente machine... quand on en a accepté les contraintes.