Thierry Lacime, chroniqueur du site cinetvdvd.com et fervent défenseur de la haute définition, suit de très près l'évolution du Blu-ray depuis quelques mois, et pense que ce format ne survivra peut-être pas. «En tout cas, si rien ne bouge dans les six prochains mois», dit-il.

Voici ses arguments:

«Je trouve que la progression du Blu-ray est un vrai cafouillage, et cela depuis pas mal de temps. Entre les ententes presque trop évidentes et la mise en marché complètement absurde, il y a beaucoup de questions à se poser.

«Je trouve vraiment désolant que les compagnies qui sont derrière le Blu-ray ne se soient pas servies de la fin de la guerre pour justement mettre le format encore plus visible. Au lieu de cela, les prix des lecteurs ne baissent pas, et les nouveaux modèles annoncés restent au-dessus de 500$, deux ans après le lancement.

«D'ailleurs, les ventes de lecteurs diminuent régulièrement depuis le début de l'année. Quant aux éditions de films, elles sont aussi trop chères, souvent à plus de 30$ ou 35$ chaque.

«Le cafouillage existe aussi du côté de la technique, avec les fameux "profils", permettant de doter le Blu-ray de spécifications plus nombreuses, qui,

rappelons-le, étaient toutes présentes sur le HD-DVD pratiquement dès son lancement. Depuis janvier, des éditions Blu-ray sont sur le marché avec des suppléments codés en «Profile 2.0» ou BD-Live (à aller chercher sur Internet en passant par une connexion avec le lecteur). Or, actuellement, seulement un seul lecteur le permet: la console PlayStation 3.

«On attend de nouveaux lecteurs compatibles en juin ou juillet seulement, six mois après que des titres avec cette option soient sur le marché. Pire, Samsung annonce un nouveau lecteur qui ne sera même pas compatible avec ce profil à sa sortie (mais en passant par une mise à jour plus tard dans l'année). Si ce n'est pas du cafouillage, je ne sais pas ce que c'est!

«Il y a aussi l'offre des titres au compte-gouttes. Chaque grand studio sort en moyenne trois ou quatre titres par mois. C'est peu. Il y aurait moins de 700 titres sur le marché à ce jour. Et récemment, on a vu arriver des éditions Blu-ray qui n'en valent pas vraiment le nom, par de petits éditeurs qui n'ont pas de gros moyens: l'image n'est pas très belle et le son non plus. Cela n'arrange pas la notoriété du format.

«Autre bémol: les compagnies de location de DVD envisagent d'établir des tarifs plus élevés pour le Blu-ray. Netflix l'a déjà annoncé aux États-Unis.

«Tout ça pour dire que je ne vois pas beaucoup de réelle volonté de bien promouvoir le format, comme si maintenant que le HD-DVD est à terre, on voulait seulement maintenir en survie le Blu-ray en attendant que se développe autre chose, comme le téléchargement en ligne, par exemple. Rien pour vraiment encourager l'utilisateur hésitant!

«Pour ceux que ces réflexions ne dérangent pas, je dis que regarder un film en Blu-ray est une très belle expérience, autant visuelle que sonore. Et si vous n'avez pas encore fait le saut, envisagez l'achat d'une console PlayStation 3, le meilleur lecteur Blu-ray qui existe et qui peut servir de console de jeux à l'occasion!»