On peut aller loin, très loin, si on a l'intention de créer une salle de projection à domicile idéale, en respectant fidèlement les règles de l'art. Car les exigences de base pour une pièce dédiée au pur cinéma maison se rapprochent de celles conçues pour un studio.

La mise en place d'une salle aussi complexe et sophistiquée est évidemment de beaucoup plus facile si on la prévoit pour une maison en construction. On sera aussi plus à l'aise pour respecter les exigences si on aménage un sous-sol. Dans un cas comme dans l'autre il faut s'attendre à une facture salée. À simple titre d'exemple, aux États-Unis, de riches excentriques n'hésitent pas à investir entre 500 000 $ et 1 million $ pour une salle sur mesure.

Une chose est certaine, c'est qu'à moins d'être un bricoleur extrêmement habile, il vaut mieux faire appel à des spécialistes en aménagement ou à des professionnels de la construction si on préfère gérer l'opération.

Supposons toujours pour ce deuxième volet que l'on continue de disposer d'un budget illimité pour obtenir la salle parfaite. Voici un aperçu de ce qu'il en serait en gros selon Christian Labrie, conseiller chez Rotac.

Le son d'abord

Ne jamais oublier que le résultat final est troujours tributaire de la qualité du son, laquelle est influencée par l'emplacement des haut-parleurs. La disposition doit idéalement être faite en respectant la norme THX des studios Lucas.

Il faut donc avoir décidé de la grandeur de la pièce, du nombre de places qu'elle pourra contenir et, surtout, du nombre d'enceintes. Les chaînes traditionnelles sont du type ambiophonie 5.1, mais l'arrivée du Blu-ray amène aussi la haute définition pour le son, de sorte que les films vont bientôt être encodés en 7.1, un détail dont il faut tenir compte si on construit pour l'avenir. Du nombre d'enceintes dépendra évidemment la quantité de fils qu'il faudra faire courir dans les murs. Autre choix préalable, l'emplacement des composants de la chaîne (régie), qui influence aussi la façon de faire le préfilage.

Puisque le son est l'élément-clé, la première étape - après, bien sûr, l'érection des cloisons - est celle de l'isolation acoustique. Une opération qui vise tout autant à emprisonner le son dans la salle que d'empêcher les bruits extérieurs de l'envahir. Il est indispensable d'éviter les fuites d'air qui entraîneront inévitablement une fuite de son.

En fait, au final, il faudrait idéalement que la pièce soit hermétique. Si on la compare à une piscine, il ne faudrait pas qu'une goutte d'eau s'en échappe. Christian Labrie propose de commencer par... le plancher, pour que le son ne "coule" pas sous les murs. Pour ce faire, on recommande généralement un scellant acoustique et ou d'une membrane absorbante.

Les murs doivent évidemment eux aussi être "acoustiquement étanchés". L'article idéal est une laine insonorisante (Roxul). Au maximum de la théorie, il faudrait que ces murs (et la porte) soient en... plomb. Pour les divisions, le but est d'avoir le plus de masse possible pour éviter le passage des basses fréquences. On suggère fortement de poser deux épaisseurs de gypse avec barres résilientes (couche d'air).

La porte de la pièce de cinéma maison devrait être pleine, en acier, comme une porte pour l'extérieur. Le cadrage devrait lui aussi être en acier.

Il va de soi que le plafond doit être formé de tuiles de qualité supérieure (panneaux acoustiques Sonopan). Après, bien sûr, avoir soigneusement isolé le centre des solives avec une laine acoustique.

Tenir compte sans faute également de l'élimination des bruits envahissants du système de chauffage et d'aération ainsi que de ceux de la tuyauterie. Il faut être particulièrement vigilant à ce sujet, car il ne faudrait pas que tous ces efforts soient gâchés par ce qui pourrait avoir l'air d'un détail banal. Des gaines et de la laine isolantes sont encore une fois recommandées pour obtenir le silence.

Avant de fermer le plafond et les murs, il ne faut évidemment pas oublier l'électricité. Il est indispensable d'avoir un circuit dédié aux éléments de la chaîne. Penser, aussi, à l'éclairage, idéalement contrôlé par un système comme le Lutron, qui agit dans des zones indépendantes et fournit une intensité variable. Autre détail, il vaut mieux isoler les prises de courant.

Dernière étape de l'installation initiale, la mise en place de la régie, où sont centralisés les appareils. Elle peut être située n'importe où, selon qu'on veut la mettre en évidence ou la cacher. Elle peut même se trouver dans une pièce attenante, mais à ce moment il faut prévoir un dispositif d'automatisation. Il faut la rendre facile d'accès, pour simplifier l'entretien des appareils et les modifications futures. Ne pas oublier, évidemment, de laisser une bonne aération.