Le plus grand salon des hautes technologies du monde, le Cebit, s'est ouvert lundi à Hanovre sur fond de nouveaux défis pour les fabricants d'ordinateurs, logiciels et autres téléphones portables, notamment dans le domaine climatique.

Le plus grand salon des hautes technologies du monde, le Cebit, s'est ouvert lundi à Hanovre sur fond de nouveaux défis pour les fabricants d'ordinateurs, logiciels et autres téléphones portables, notamment dans le domaine climatique.

L'invité de marque du salon, le PDG de Microsoft Steve Ballmer, a pris soin de donner lundi une conférence de presse en grande partie consacrée aux mérites écologiques de son entreprise.

«Les ordinateurs et l'informatique sont peut-être l'industrie dont la consommation d'énergie augmente le plus vite au monde», a-t-il fait valoir.

M. Ballmer a par exemple annoncé un partenariat avec un petit distributeur d'électricité allemand, Yello Strom, pour mettre au point des compteurs électriques virtuels destinés aux particuliers.

Microsoft va aussi collaborer avec le constructeur automobile Fiat, en équipant les voitures de logiciels qui analysent la conduite et la dépense de carburant.

Objectif dans les deux cas: mieux réguler la consommation, et donc économiser de l'énergie.

Deux projets tout à fait dans le ton du Cebit, qui a mis son édition 2008, du 3 au 9 mars, sous le signe de la «technologie verte.»

Mais la lutte contre le réchauffement climatique n'est que l'un des défis de la branche des technologies de l'information et de la communication (TIC).

En particulier, l'arrivée en force de la Chine, qui délaisse peu à peu les productions à faible valeur ajoutée comme le textile pour se tourner vers des activités plus technologiques, change la donne.

Les organisateurs du Cebit ont ainsi noté que pour la première fois cette année, la Chine fournissait le plus gros contingent d'exposants étrangers, reléguant au deuxième rang Taïwan.

La fédération allemande du secteur, le Bitkom, a certes publié lundi des chiffres plutôt rassurants sur l'état du marché. Il a progressé de 2% l'an dernier en Allemagne, plus que prévu.

Le Bitkom a toutefois mis en garde contre tout excès de confiance: la croissance devrait ralentir cette année, sur fond de guerre des prix.

La fédération a aussi souligné que l'Allemagne restait importateur net de produits de haute technologie, et qu'elle avait de moins en moins d'usines dans ce secteur.

Autre point noir: la pénurie de main d'oeuvre qualifiée. Le Bitkom estime à 43.000 le nombre de spécialistes des TIC manquant à l'Allemagne.

«Il faut arrêter cette tendance, sans quoi l'Allemagne ne jouera plus en première division (...) mais risque la relégation en division régionale», affirme Willi Fuchs, directeur de l'association VDI des ingénieurs allemands, cité dans un communiqué.

Pour enrayer ce possible déclin, August-Wilhelm Scheer, président du Bitkom, a rêvé tout haut d'un «Airbus de l'industrie des TIC», sur le modèle de l'avionneur européen du même nom.

Un message à destination de la chancelière allemande Angela Merkel et du président français Nicolas Sarkozy, qui doivent inaugurer officiellement en soirée le Cebit, dont la France est cette année le pays partenaire.

L'Europe a en effet tout intérêt à s'organiser, alors que le monde des TIC connaît de profondes mutations.

Les frontières tendent à s'estomper entre les différentes spécialités, comme le montre la décision récente du fabricant finlandais de téléphones portables Nokia de se lancer aussi dans l'offre de contenus multimédia (jeux ou musique).

Autre exemple emblématique de ces grands bouleversements: la bataille entre Microsoft et Yahoo! Interrogé à ce sujet, M. Ballmer a défendu sa stratégie en jugeant que son offre non sollicitée de 44,6 milliards de dollars sur le portail internet «faisait sens» et «créait de la valeur pour tous.»