Le géant américain du logiciel Microsoft a annoncé jeudi une série de mesures destinées à rendre ses produits plus ouverts et à faciliter leur interopérabilité avec ceux de la concurrence.

Le géant américain du logiciel Microsoft a annoncé jeudi une série de mesures destinées à rendre ses produits plus ouverts et à faciliter leur interopérabilité avec ceux de la concurrence.

Après avoir créé un «buzz» avec l'annonce surprise d'une conférence téléphonique sur un sujet «ne concernant pas le rachat de Yahoo!», Microsoft a dévoilé des mesures destinées à le rapprocher du monde de l'«open source», c'est-à-dire du partage, libre de droits, de codes de programmation.

Le groupe de Redmond s'est engagé à rendre public gratuitement «un volume élevé» de programmes et spécifications techniques relatifs à des applications qui font tourner ses produits phares, et à rendre accessibles d'autres protocoles sous licence, «avec de faibles royalties».

Microsoft a rendu public ce jour plus de 30 000 pages de documentation sur son système d'exploitation Windows, qui équipe 90% des ordinateurs dans le monde. Cet effort concernera «dans les prochains mois» d'autres logiciels, y compris la suite bureautique Office 2007.

Ces programmes étaient à ce jour maintenu sous le sceau d'un épais secret, qui a contribué à la spectaculaire ascension de Microsoft.

La position dominante du groupe est à l'origine de la polarisation du monde informatique entre les «pro-Windows», et les «anti». Parmi ces derniers, on retrouve le groupe Apple, mais aussi ce qui est devenu au fil des ans la «communauté» du logiciel libre («open source»), structurée autour de programmes accessibles et modifiables par les développeurs, comme le système Linux.

Pour Microsoft, «ces étapes représentent un pas important et des changements significatifs dans la manière dont (il) partage (ses) informations sur (ses) produits et technologies», a fait valoir le PDG Steve Ballmer.

Désormais, le groupe entend «promouvoir des connections ouvertes» entre ses produits et des applications tierces et veut travailler avec d'autres acteurs pour favoriser l'émergence de standards reconnus.

Pour autant, l'annonce rendait sceptiques les connaisseurs du secteur, qui font remarquer que Microsoft était acculé à ces changements.

Tout en concédant «un véritable changement de culture» chez Microsoft, lié à l'arrivée d'un nouvel architecte en chef des logiciels, Ray Ozzie, Erick Schonfeld, du site Techcrunch, ironise sur le moment choisi pour faire prevue de cette «gentillesse» nouvelle envers le monde du code source libre. Au moment même où «le régulateur européen vient de frapper», note-t-il.

La Commission européenne soupçonne régulièrement Microsoft d'abus de position dominante et ne cesse de se pencher sur les produits du groupe.

Microsoft s'est vu infliger en 2004 une amende record de 497 millions d'euros par Bruxelles, décision confirmée par la justice européenne en septembre 2007. En janvier, la Commission s'est attaquée à d'autres produits de Microsoft, dont sa suite Office et le navigateur Internet Explorer.

La Commission a d'ailleurs estimé jeudi que l'annonce de Microsoft «ne répondait pas à la question de savoir si oui ou non Microsoft s'est conformé aux règles anti-monopoles européennes dans ce domaine par le passé».

L'ouverture de Microsoft est aussi stratégique alors que le groupe commence à être concurrencé par des logiciels gratuits sur l'internet, notamment ceux que lance régulièrement son principal rival, le leader de l'internet Google.

«S'il ne changeait pas son modèle économique, le groupe était en passe de devenir un "acteur d'hier", une relique des premiers temps de la révolution informatique», selon Carmi Levy, consultant chez AR Communications.

Ray Ozzie, le père du logiciel Lotus (appartenant aujourd'hui à IBM), est pour beaucoup dans ces changements, selon M. Levy. «Le développement récent de nouveaux services en ligne, incarnés par le portail Windows Live, était déjà le résultat de cette nouvelle pensée».

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