La leçon apprise dans les années 80 avec les magnétoscopes Beta aura profité à de nombreux consommateurs, finalement. Car si Toshiba abdique dans sa lutte contre Sony dans le marché du film haute définition, ils seront moins nombreux qu'à l'époque à en subir les contrecoups.

La leçon apprise dans les années 80 avec les magnétoscopes Beta aura profité à de nombreux consommateurs, finalement. Car si Toshiba abdique dans sa lutte contre Sony dans le marché du film haute définition, ils seront moins nombreux qu'à l'époque à en subir les contrecoups.

La stratégie de mise en marché adoptée par Sony aura donc porté fruit. Afin de promouvoir le format développé par ses ingénieurs, le géant japonais s'est rapidement associé à de nombreux autres fabricants d'appareils électroniques, ainsi qu'aux principaux studios de cinéma américains.

Pour en accélérer l'adoption par les consommateurs, Sony vendait également à perte la nouvelle génération de sa console de jeux vidéo, la PlayStation 3, qui inclut un lecteur Blu-ray.

«Au début, les lecteurs HD-DVD se vendaient bien en raison de leur prix moins élevé», observe Thierry Lopez, chargé des communications pour la chaîne de détail Future Shop. «Mais plus ça allait, plus on voyait que le Blu-ray gagnait en popularité. Le fait qu'il y ait un lecteur dans la PS3 a finalement convaincu bien des gens.»

Le format HD-DVD n'a pas pu profiter d'un tel cheval de Troie, même si Microsoft, qui fabrique la console Xbox 360, fait partie du groupe des partisans de ce format.

Maintenant que cette rivalité semble s'estomper, on s'attend à ce que de nombreux acheteurs fassent finalement l'acquisition d'un lecteur Blu-ray. «On a vu un engouement pour la haute définition ces derniers mois, constate Thierry Lopez. Les gens sont sensibles à la qualité de l'image. Mais pour beaucoup de clients, surtout ceux qui se souviennent du duel entre les magnétoscopes VHS et Beta, (l'existence de deux formats) freinait l'achat d'un nouveau lecteur. Ce n'est plus le cas.»

Si on se fie aux prévisions, à l'instar du HD-DVD, même le Blu-ray ne ferait que passer. À court terme, le téléchargement en ligne est perçu par plusieurs comme une solution bien plus alléchante pour les consommateurs.

C'est du moins le pari de Steve Jobs, PDG de la société Apple. «Clairement, le Blu-ray a gagné, mais dans un monde où l'on pourra louer instantanément des films en HD sur l'internet, personne ne se souviendra de ce duel», a-t-il dit sur la chaîne américaine CNBC, le mois dernier.

Ce n'est évidemment pas l'opinion de tous, car ils sont nombreux à préférer acheter un film, plutôt que de le louer. Surtout s'il est en format HD, avec du contenu enrichi et interactif, ce que promettent les disques de format Blu-ray.

Thierry Lopez l'a constaté. «On le remarquait déjà en décembre dernier: les ventes de films en HD, peu importe le format du disque, ont été multipliées par quatre, par rapport à l'année précédente.»

En fait, c'est probablement cette nuance qui fait dire à Steve Jobs et à d'autres que cette dualité sera vite oubliée. Après tout, c'est la haute définition qui attire les consommateurs, pas le type de disque, ni son fabricant. La façon la plus simple d'avoir accès à un film en HD sera celle qui, ultimement, l'emportera.

De là à faire un lien avec le téléchargement sur l'internet, il n'y a qu'un pas. Apple l'a franchi en s'associant aux six plus gros studios hollywoodiens. Pour son propre service, iTunes, sa stratégie est d'ailleurs la même que celle de Sony pour le Blu-ray.

Et déjà, des études indépendantes estiment que le téléchargement de films et d'émissions de télé comptera pour plus de la moitié de ce marché en 2012. Autrement dit, Sony a peut-être remporté une bataille, mais la guerre n'est pas terminée.