Après le coup de massue encaissé il y a deux semaines quand les studios Warner ont annoncé qu'ils sortiraient dorénavant leurs films sur Blu-Ray plutôt que sur HD-DVD, Toshiba a réagi mercredi dernier par une contre-attaque énergique mettant l'accent sur le nerf de la guerre, coupant les prix de ses lecteurs de disque vidéo haute définition de moitié.

Après le coup de massue encaissé il y a deux semaines quand les studios Warner ont annoncé qu'ils sortiraient dorénavant leurs films sur Blu-Ray plutôt que sur HD-DVD, Toshiba a réagi mercredi dernier par une contre-attaque énergique mettant l'accent sur le nerf de la guerre, coupant les prix de ses lecteurs de disque vidéo haute définition de moitié.

Que penser d'un tel geste? Baroud d'honneur, dernier repas du condamné ou offensive stratégique? Toshiba espère-t-il vendre suffisamment de lecteurs HD-DVD pour influencer les studios et convaincre les déserteurs de revenir? Ou est-ce tout simplement pour ne pas perdre les modèles déjà produits? Si c'était ce dernier cas, la décision serait pour le moins malhabile puisque ce faisant le fabricant perdrait la confiance des consommateurs.

Chose certaine, le géant nippon de l'électronique va engloutir des centaines de millions de dollars dans cette opération. Ce ne sont pas seulement les nouvelles commandes qui affichent les prix réduits, car Toshiba corrige aussi le coût des inventaires en magasins.

C'est la survie du format de vidéo haute définition qu'il soutient depuis le début qui est en jeu, et ses experts ont sans doute calculé qu'ils avaient une chance de remporter la manche. Mais la victoire totale? Difficile d'y croire quand on sait que presque les trois quarts des studios de cinéma font désormais partie du clan Blu-Ray.

Restent Universal et Paramount et... l'industrie de la pornographie, celle-là même qui avait en grande partie contribué à la victoire du VHS sur le Beta, il y a 25 ans. Mais après un moment d'exclusivité, les producteurs de porno ont fait savoir qu'ils utiliseraient aussi le support Blu-Ray. Ces sources seront-elles suffisantes pour satisfaire l'appétit des utilisateurs? On le saura dans quelques mois.

Chose certaine, ce sont les acheteurs qui vont avoir le dernier mot. Vont-ils succomber à l'attrait d'une économie de taille quitte à jouer sur un coup de dés la possibilité de nourrir cette source de haute définition indispensable pour les téléviseurs à plasma ou à ACL?

À 169 $, un lecteur HD-DVD est plus que tentant... Surtout quand on trouve deux films dans la boîte (The Boune Identity et 300) avec un coupon pour cinq autres films gratuits par la poste.

Le verdict est donc entre les mains des consommateurs, toujours tièdes et méfiants à l'arrivée des nouvelles technologies. Ce que constatent sans peine les propriétaires de clubs vidéo, aux premières loges pour voir dans quelle direction souffle le vent.

L'un des premiers à opter massivement pour le DVD il y a sept ans et qui a plongé dès les débuts dans les disques haute définition, Richard Lortie, de Québec DVD dans le secteur Saint-Étienne de Lévis, doit admettre que tant le Blu-Ray que le HD-DVD ne lèvent pas vraiment.

«C'est comme pour le DVD. Il y a eu une première phase où les clients faisaient connaissance avec la technologie et avançaient lentement. Puis il y a eu une phase où le prix des lecteurs a commencé à baisser pour la peine et où l'engouement s'est accru. Enfin, il y a un an ou deux, quand il y a eu des lecteurs à moins de 100 $ et que les VHS ont disparu, le DVD est devenu commun.» Le commerçant se demande si la décision de Toshiba de sabrer les prix n'est pas le signal de départ de la deuxième vague pour le HD-DVD... et pour le Blu-Ray.

Car il est logique de croire que le clan BR ne laissera pas passer la contre-attaque sans riposter. Les prix ont déjà baissé considérablement ces derniers mois, gravitant autour des 500 $. On peut en effet trouver un lecteur Sharp à 449 $, un modèle de base de Sony à 499 $ et l'un de ses principaux acteurs, la console de jeux vidéo PlayStation 3, à 499 $.

Pour Bertrand Bergeron, proprio de La Clef de Sol, si l'issue du combat Blu-Ray–HD-DVD ne semble pas faire de doute, la question de la qualité ne se pose même pas : «Ce qui est important, c'est de savoir qui aura la plus grande part de marché. Les alliances sont obligatoires et importantes... et Sony n'en manque pas. Reste à savoir quelle sera la décision finale de Microsoft, qui supporte le HD-DVD avec sa Xbox 360.»

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