Il y a quelques semaines, Michael E. Roach, président de la multinationale CGI, exprimait son souhait de s'installer en région. Peut-être qu'il faudra lui refiler le numéro du maire de Chandler, puisque la ville gaspésienne compte devenir rapidement un pole important des technologies de l'information et des communications (TIC). Et elle a les outils pour y arriver.

Il y a quelques semaines, Michael E. Roach, président de la multinationale CGI, exprimait son souhait de s'installer en région. Peut-être qu'il faudra lui refiler le numéro du maire de Chandler, puisque la ville gaspésienne compte devenir rapidement un pole important des technologies de l'information et des communications (TIC). Et elle a les outils pour y arriver.

«Ça fait deux ans qu'on travaille sur ce créneau», résume Martin Duguay, responsable du dossier de la diversité économique pour la ville de Chandler. «On a fait quelques rencontres à Montréal et à l'international et déjà, on a une douzaine de projets en cours.»

Voilà qui doit faire l'effet d'une bouffée d'air frais, pour une région qui vient de perdre de nombreux emplois bien rémunérés, avec la fermeture d'usines comme celle de Gaspesia. Justement, comment une économie centrée sur les ressources naturelles peut-elle se réorienter vers un secteur comme les TIC?

«Le secteur des technos est tellement vaste, explique M. Duguay. Dans les jeux vidéo, par exemple, on ne compte pas moins de 24 corps de métier. Même chose pour les centres d'appels. On peut former de la main-d'oeuvre en quelques mois s'il le faut.»

M. Duguay cite en exemple ce qui se passe à Matane, où la société Ubisoft a établi un campus il y a quelques années. Chandler n'a pas nécessairement l'intention de percer dans les jeux vidéo, mais le modèle l'intéresse.

En plus de la formation de gens résidant déjà dans la région, le porte-parole de la municipalité ajoute que parmi les 200 000 à 250 000 Gaspésiens qui résident désormais à Montréal, il y en a certainement «10% qui reviendraient, à condition de se faire offrir un bon emploi»

Internet très, très haute vitesse

Le second facteur qui pourrait jouer en faveur de Chandler, dans cette conquête des TIC, c'est l'infrastructure mise en place ces dernières années par les sociétés Bell et Telus. Grâce à elles, la Gaspésie jouit d'une bande passante pour accéder à internet qui est moderne et très rapide.

Par exemple, supposons qu'on doit faire circuler une information, par internet, entre Montréal et Boston. Pour s'y rendre, cette information devra passer par une quarantaine de relais. Si cette même information part de Chandler, elle n'en traversera que sept. «C'est une large autoroute sur laquelle il n'y a qu'une voiture, en ce moment», illustre M. Duguay.

«La bande passante à Chandler offre un lien direct avec l'Europe», ajoute Jean-Philippe Boudreau, de la boîte de marketing Vraiment Self, à Montréal. M. Boudreau a travaillé avec la ville de Chandler dès juillet 2006, et constate que le projet est pour le moins ambitieux.

Grosses subventions

«Il y a du potentiel pour les PME, mais ils ont l'ambition de décrocher de gros noms», assure-t-il, mentionnant au passage avoir eu vent de discussions avec IBM, pour y installer un important centre de données informatiques. «Ils veulent vraiment déployer un nouveau pole technologique d'envergure», dit-il.

Sans donner de nom d'entreprises avec qui il a eu des discussions, Martin Duguay assure tout de même que de grandes annonces devraient avoir lieu bientôt. Il glisse au passage le nom de la société HyperTec, établie à Montréal, avec qui Chandler aurait tissé «de gros liens».

En plus de la qualité du lien internet et de la possibilité de former de la main-d'oeuvre rapidement, Chandler peut compter sur des programmes de subvention provenant de divers ordres de gouvernement, qui contribuent à réduire le poids des salaires sur les entreprises qui désireront éventuellement s'y installer. Et ça aussi, ça compte pour beaucoup. Déjà, le printemps dernier, M. Roach, de CGI, citait ce point comme le premier facteur qui rendait les régions si attrayantes. Les deux autres étaient la formation sur demande et une infrastructure technologique de qualité. À ce jeu, il semble que la Gaspésie possède une main pleine, et elle compte bien l'utiliser.