Si on logeait une puce dans tous les objets, on ne perdrait pas son temps à les chercher: ils signaleraient leur présence d'eux-mêmes, ce qui faciliterait la vie des distraits, estime le gourou des nouvelles technologies japonais, Ken Sakamura.

Si on logeait une puce dans tous les objets, on ne perdrait pas son temps à les chercher: ils signaleraient leur présence d'eux-mêmes, ce qui faciliterait la vie des distraits, estime le gourou des nouvelles technologies japonais, Ken Sakamura.

Ce professeur de l'Université de Tokyo, figure admirée dans le milieu de l'électronique nippon, rêve d'un monde où chaque chose et chaque lieu serait électroniquement étiqueté, afin de simplifier la vie quotidienne.

«L'un des sujets qui me passionnent en ce moment, ce sont les étiquettes électroniques actives qui peuvent être lues à plusieurs mètres de distance par un terminal portable», indique M. Sakamura lors d'un colloque scientifique, exhibant un de ces micro-processeurs qu'il souhaite intégrer partout.

«Grâce à ces marqueurs, un téléphone mobile serait capable d'indiquer précisément à une personne où sont posées ses lunettes ou ses clefs dans son appartement, puiqu'il détecterait le signal émis par la puce, et lui montrerait même l'emplacement sur l'écran», s'enthousiasme l'expert.

Au Japon, où les cyclistes roulent sur les trottoirs au milieu des piétons, si chaque vélo était muni d'une étiquette électronique active (auto-alimentée), les passants seraient automatiquement alertés de l'arrivée à tombeau ouvert d'un deux-roues par un «bip bip» jaillissant de leur téléphone portable transformé en détecteur de bicyclette.

Dans la société japonaise vieillissante, «il faut penser à de nouveaux moyens pour faciliter la vie des personnes âgées ou des handicapés», insiste le professeur, qui milite pour une nomenclature d'étiquetage universelle.

«Si on disposait d'un moyen simple pour en savoir plus sur les objets que l'on possède ou utilise, parfois sans les avoir soi-même achetés, on les gèrerait mieux et cela réduirait les risques», souligne M. Sakamura.

Ainsi, les codes à barre que l'on trouve sur la plupart des produits du commerce n'ont plus aucune utilité une fois l'objet acheté. Sans compter qu'ils sont similaires pour deux objets jumeaux et qu'une fois rentré du supermarché, on s'empresse souvent de décoller l'étiquette ou de jeter l'emballage.

Il n'existe pas sur internet de service où il suffirait d'entrer les chiffres associés à une boîte de conserve ou à un appareil pour en connaître l'histoire, savoir qui l'a fabriqué, où, quand et comment.

Or, «il est techniquement possible d'assigner à chaque objet et à chaque composant de ce dernier un numéro d'identité absolument unique au monde», explique M. Sakamura.

Le savant a en effet conçu un système baptisé «ucode» qui permet d'identifier précisément chaque article et d'y associer des données informatiques (lieu de production, date, composition...).

«Avec cette nomenclature, chaque oeuf pondu, chaque fruit du commerce, chaque bol de nouilles instantanées, chaque tuile d'un toit, chaque lieu du monde peut se voir allouer un numéro unique auquel sont rattachées des informations sur son origine et son histoire», assure le professeur.

Pour consulter ces données et connaître ainsi la provenance et la vie d'un produit quelconque, il suffit alors soit de saisir le numéro de code dans une base de données en ligne, soit, dans le cas d'un pictogramme ou d'un marqueur électronique, de le lire avec un terminal tel qu'un téléphone portable.

Le type d'ucode employé (nombre imprimé, pictogramme, puce...) dépend de la chose à étiqueter, de sa taille, de son type d'usage ou de son cycle de vie.

Les «ucode» peuvent aussi servir à marquer précisément des lieux (rues, magasins, toilettes publiques, escaliers) pour faciliter les déplacements des humains guidés par leur mobile.