Les experts en santé publique jugent que le cellulaire mains libres procure une fausse impression de sécurité.

Les experts en santé publique jugent que le cellulaire mains libres procure une fausse impression de sécurité.

Les ex­perts en san­té pu­bli­que du Qué­bec se dis­ent «­très pré­oc­cu­pés» que le gou­ver­ne­ment Cha­rest n'im­po­se pas, ­dans son pro­jet de loi 42 sur la sé­cu­ri­té rou­tiè­re, une in­ter­dic­tion com­plè­te du cel­lu­lai­re au vo­lant, y com­pris ­avec le dis­po­si­tif ­mains li­bres.

­Dans son mé­moi­re pré­sen­té ­hier en com­mis­sion par­le­men­tai­re, l'In­sti­tut na­tio­nal de san­té pu­bli­que (­INSPQ), qui ­conseille le mi­nis­tre de la San­té, rap­pel­le que ce dis­po­si­tif est ju­gé aus­si dan­ge­reux que le com­bi­né, ­dont l'usa­ge se­rait in­ter­dit à l'adop­tion du pro­jet de loi. Il no­te aus­si qu'en Fran­ce, où le com­bi­né a été in­ter­dit en 2003, l'Obs­er­va­toi­re in­ter­mi­nis­té­riel de sé­cu­ri­té rou­tiè­re ­vient de re­com­man­der qu'on pro­hi­be éga­le­ment le ­mains li­bres.

Fausse impression de sécurité

«­L'INSPQ ­craint ­fort qu'une tel­le ré­gle­men­ta­tion en­voie le mes­sa­ge ­dans la po­pu­la­tion que le dis­po­si­tif ­mains li­bres est sé­cu­ri­tai­re et qu'à ter­me, ­plus de conduc­teurs uti­li­sent le té­lé­pho­ne en condui­sant», sou­li­gnent les ex­perts qué­bé­cois ­dans ­leur mé­moi­re.

La seu­le in­ter­dic­tion du com­bi­né, ajou­tent-ils, «­irait à l'en­con­tre des don­nées scien­ti­fi­ques ro­bus­tes dé­mon­trant le ris­que équi­va­lent de l'uti­li­sa­tion des ­deux ty­pes de cel­lu­lai­res». L'In­sti­tut re­com­man­de ­donc «for­te­ment» l'in­ter­dic­tion com­plè­te.

La mi­nis­tre des Trans­ports, Ju­lie Bou­let, re­con­naît que com­bi­né et ­mains li­bres «­sont aus­si dom­ma­ge­a­bles», ­mais el­le ex­pli­que que les po­li­ciers l'ont convain­cue des dif­fi­cul­tés d'ap­pli­ca­tion d'une in­ter­dic­tion com­plè­te. «On a ­fait un pre­mier pas, ­peut-­être qu'il res­te un deuxiè­me pas à fai­re, ­mais le Qué­bec ­doit che­mi­ner et c'est ­dans ce ­sens-là qu'on est al­lé», a-t-el­le sou­mis ­hier.

«Il va fal­loir que cet­te deuxiè­me éta­pe ­soit fran­chie ­très ra­pi­de­ment, a in­sis­té un ex­pert de l'In­sti­tut, Pier­re Mau­ri­ce. Par­ce qu'on est ­dans un siè­cle où les ­gens nais­sent pra­ti­que­ment ­avec un cel­lu­lai­re ­dans les ­mains. C'est ex­traor­di­nai­re les pres­sions du mar­ché qui s'exer­cent sur les consom­ma­teurs ­pour se mu­nir de tou­tes sor­tes de dis­po­si­tifs ­pour fai­re ­plein de cho­ses en mê­me ­temps qu'on ­conduit.»

­Dans son rap­port de ­mars der­nier, l'Obser­­va­toi­re in­ter­mi­nis­té­riel de sé­cu­ri­té rou­tiè­re en Fran­ce ­conclut que le ­choix de ce ­pays de n'in­ter­di­re que le com­bi­né «a eu un ef­fet re­gret­ta­ble en fai­sant croi­re aux conduc­teurs de bon­ne foi que l'uti­li­sa­tion du kit ­mains li­bres ne po­se pas de pro­blè­me de sé­cu­ri­té».

Se ba­sant sur une étu­de aus­tra­lien­ne qui a dé­mon­tré un ris­que d'ac­ci­dent qua­tre ­fois ­plus éle­vé lorsqu'on té­lé­pho­ne au vo­lant, «mê­me en uti­li­sant un kit ­mains li­bres», l'Obs­er­va­toi­re éva­lue que le nom­bre to­tal d'ac­ci­dents pour­rait ­être ré­duit de 7 à 8 % si au­cun conduc­teur ne té­lé­pho­nait en condui­sant.

Son rap­port no­te que 67 % des uti­li­sa­teurs du cel­lu­lai­re au vo­lant ­voyaient com­me une «bon­ne me­su­re» une in­ter­dic­tion com­plè­te, ­dans un son­da­ge réa­li­sé en dé­cem­bre 2006.

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