Un divorce prononcé par SMS, un portable sans capacité de photo ni de vidéo pour éloigner les images impures, des sermons incorporés aux sonneries, préparation à la première communion par courriel et internet: la technologie fait des miracles pour la foi. Même de choisir le prêtre ou l'imam qui convient le mieux. Dieu est vraiment partout.

Un divorce prononcé par SMS, un portable sans capacité de photo ni de vidéo pour éloigner les images impures, des sermons incorporés aux sonneries, préparation à la première communion par courriel et internet: la technologie fait des miracles pour la foi. Même de choisir le prêtre ou l'imam qui convient le mieux. Dieu est vraiment partout.

Depuis quelques années, le curé Donald Tremblay a simplifié la préparation aux sacrements comme la première communion ou la confirmation. Au lieu d'obliger les parents à assister avec leurs enfants à une vingtaine de rencontres durant l'année, il limite les déplacements à trois ou quatre. Les parents suivent la formation à distance et peuvent communiquer avec le père Tremblay par courriel s'ils ont des questions. L'an prochain, la paroisse mettra sur son site internet une démonstration des habiletés de base du bon catholique - le signe de la croix, par exemple pour faciliter encore la démarche.

«Je pense que les rencontres face à face doivent constituer des expériences spirituelles», explique le prêtre, dont la paroisse, qui relève du diocèse de Saint-Jérôme, regroupe plusieurs villages près d'Oka. «Pour la partie de l'enseignement dogmatique, il n'est pas nécessaire de se rencontrer. Par exemple, 80% des élèves de troisième année ne savent pas faire le signe de la croix quand ils commencent la préparation à la première communion. Une vidéo sur l'internet suffira parfaitement pour le leur enseigner.»

L'objectif du père Tremblay est de faciliter la vie des parents grâce à la technologie. «Avec l'internet, on veut juste améliorer notre démarche, non pas en éliminer la dimension humaine et communautaire. C'est déjà assez difficile de concilier travail et famille, quand on ajoute la foi, ça cause des problèmes d'horaire.»

Se confesser par téléphone

Aux quatre coins du monde, des imams, des rabbins, des bonzes, des pasteurs et des prêtres se servent de la technologie et des télécommunications pour faciliter la vie de leurs fidèles.

Ils n'ont pas attendu que les autorités religieuses leur donnent le signal: sur l'internet, selon une étude du groupe de recherche américain Pew, la fréquentation des sites spirituels était en 2002 presque à égalité avec celle des sites pornographiques et de jeux de hasard. Les dons aux organismes religieux par internet ou l'envoi de messages texte par téléphone portable sont de plus en plus nombreux, notamment dans les communautés émigrées qui veulent honorer le temple de leur village natal.

«Malgré ce que l'on peut penser, les religions ont toujours été à l'avant-plan de l'adoption des nouvelles technologies, indique Michel Despland, professeur au département de religion de l'Université Concordia. On n'a qu'à penser à l'imprimerie, à la Bible de Gutenberg. Au XIXe siècle, l'Église catholique a rapidement adopté l'éclairage électrique pour faciliter la lecture des missels l'hiver, quand il faisait sombre. Et elle a été très active aux débuts des spectacles sons et lumière.»

Ce qui a parfois soulevé des réticences. «L'Église a envisagé la confession par téléphone durant les années 20, dit M. Despland. Mais ça allait à l'encontre du principe du sacrement, qui prévoit l'intervention divine par le truchement de la personne physique du prêtre. D'ailleurs, c'est comparable au counselling ou aux psychothérapies: elles donnent rarement de bons résultats quand elles sont faites par téléphone. Quand on n'est pas face à face, on est assez limité dans nos interactions.»

L'an dernier, la Conférence épiscopale péruvienne a dû annoncer qu'un site de «confessions par l'internet», assez populaire à cause de la pénurie de prêtres hors des grandes villes, n'était pas reconnu par l'Église catholique.

L'étude du groupe Pew confirme que l'internet est d'abord et avant tout un lieu d'échanges spirituels informels et une manière d'accéder aux documents officiels, par exemple les sermons dominicaux. «Les gens les plus actifs dans les sites religieux, qu'ils soient jeunes ou vieux, sont aussi ceux qui sont le plus assidus dans leur pratique religieuse dans le monde réel», a expliqué la politologue Elena Larsen, auteure du rapport de Pew, à une conférence au Massachusetts Institute of Technology. Le fondateur de la première «église virtuelle», le pasteur presbytérien Charles Henderson, a indiqué à la même conférence que ses activités sur l'internet ne sont jamais liturgiques. Le site du révérend Henderson, Godweb, existe depuis 1994.

Seule ombre au tableau: la technologie permet aux extrémistes religieux d'atteindre une plus grande audience. «Auparavant, la hiérarchie religieuse limitait la portée des voix extrémistes, observe M. Despland. Mais avec la diffusion des sermons sur l'internet ou sur CD, il est possible à un imam ou à un prêtre responsable d'une petite communauté qui est mal considéré de la part de ses confrères de joindre un public très large. Dans les États musulmans, les sermons des imams sont étroitement surveillés, mais les enregistrements qui sont diffusés sous forme de cassettes ou de CD échappent totalement à la surveillance de la police.»

L'Église catholique a aussi été victime de ce phénomène. Dans les années 30, le prêtre Charles E. Coughlin a animé une populaire émission de radio à Détroit, dans laquelle il faisait l'apologie des régimes fascistes et de l'antisémitisme. Il a fallu l'entrée en guerre des États-Unis, en 1941, pour que son archevêque parvienne à l'obliger à quitter le microphone.

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