Une entreprise peut, à tout moment, surveiller l'utilisation que ses employés font d'Internet sur leurs heures de travail. Une opération possible, certes, mais aussi coûteuse en temps.

Une entreprise peut, à tout moment, surveiller l'utilisation que ses employés font d'Internet sur leurs heures de travail. Une opération possible, certes, mais aussi coûteuse en temps.

«On peut retracer tout ce qu'a fait un employé. Le temps passé, les fichiers téléchargés ainsi que le nombre et le type de pages (sites) visitées. Toutefois, ça peut devenir colossal comme travail.»

Le professeur Nadir Belkhiter, du département d'informatique de l'Université Laval, résume ainsi la facilité technique qu'a une entreprise de suivre ses employés à la trace, et aussi l'ampleur de la tâche qui l'attend si elle veut s'y attaquer.

Bien sûr, il existe des logiciels de filtrage des sites Internet conçus pour les entreprises. Une technologie semblable aux systèmes de contrôle parental disponibles sur les ordinateurs domestiques. Cependant, cette barrière pour empêcher l'accès à certains sites comporte ses limites.

«Prenez un psychologue qui ne pourrait pas accéder à un site ou à un document sur la sexologie parce que sa recherche comporte le mot sexe ou sex, en anglais. Si le mot en question a été identifié comme inapproprié, le psychologue pourrait passer à côté d'une information pertinente, pourtant en lien avec son travail.»

Cette illustration démontre l'envers de la médaille. À vouloir filtrer, on peut aussi se priver d'un contenu pertinent disponible sur la toile.

Le gouvernement filtre

Selon M. Belkhiter, il est rare que des entreprises se dotent d'un système de filtrage. Pourtant, le plus gros employeur de la province, le gouvernement du Québec, dispose d'un tel filtre, confirme Brigitte Asselin, responsable des relations avec les médias au secrétariat du Conseil du trésor. «Des sites avec un contenu pour adultes, des sites de clavardage ou de jeux sont des exemples d'adresses interdites.»

Reste que le professeur croit davantage dans la sensibilisation. Pour lui, le sujet comporte aussi une dimension éthique. «Est-ce que ça ne brise pas le lien de confiance?», interroge-t-il.

Le syndicat des policiers de Québec reproche à la Ville d'avoir dévoilé que 12 de ses membres sont sous enquête pour utilisation abusive d'Internet au travail alors qu'aucune sanction ne leur a encore été donnée. Le président Jean Beaudoin ne voit pas la nécessité d'aviser le public de la situation à ce moment-ci.

«Ils ont droit à la présomption d'innocence. Ils n'ont pas encore été rencontrés par le comité de discipline, encore moins jugés», explique-t-il.

La Fraternité des policiers compte maintenant accompagner les personnes visées pour s'assurer qu'elles obtiennent une défense juste, et des sanctions appropriées, lorsqu'elles comparaîtront devant le comité de discipline formé de trois hauts dirigeants du service de police.

Contrairement au 15 autres employés de la Ville déjà sanctionnés, les 12 agents n'ont pas encore été rencontrés en raison de procédures à respecter dans la convention collective des policiers. Ils ont été avisés en juin qu'ils étaient sous enquête. Malgré cela, ils sont demeurés à leur poste respectif.

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