Les trois jeunes rigolos bigarrés qui utilisent leurs cellulaires à toutes les sauces dans une série de pubs télé ont eu de la chance s'ils ont pu obtenir l'information appropriée au moment de leur achat.

Les trois jeunes rigolos bigarrés qui utilisent leurs cellulaires à toutes les sauces dans une série de pubs télé ont eu de la chance s'ils ont pu obtenir l'information appropriée au moment de leur achat.

La publicité attire les jeunes -et les très jeunes- dans les magasins de téléphones cellulaires, mais une fois sur place, ils sont souvent mal accueillis, mal renseignés, mal conseillés.

Bref, l'information manque à l'appel.

C'est ce que révèle une enquête réalisée par Option Consommateurs en octobre, novembre et décembre 2006. C'est lors du trimestre qui précède les Fêtes que les compagnies de téléphonie cellulaire enregistrent le plus grand nombre de ventes -607 000 nouveaux abonnés au Canada durant les trois derniers mois de 2006, davantage que dans les six premiers mois.

Pour vérifier quel accueil on leur réservait, six jeunes de 12 à 17 ans ont chacun visité six magasins des bannières Bell, Fido, Rogers, Telus, Virgin et La cabine téléphonique, en annonçant d'entrée qu'ils n'y connaissaient rien. Deux enquêteurs adultes se tenaient discrètement à proximité pour prendre note des échanges.

«La première chose que nous avons notée, c'est le peu d'intérêt que les vendeurs ont montré pour nos enquêteurs adolescents, indique Maryse Guénette, coauteure de l'enquête. Très peu les ont bien renseignés, plusieurs ont semblé peu intéressés à les servir, certains les ont même ignorés complètement.»

Sur les 36 vendeurs rencontrés, seulement trois ont demandé sur quel territoire le jeune client comptait utiliser son cellulaire. À peine sept se sont enquis de la fréquence de l'usage, pour orienter le jeune vers le forfait ou le paiement à la carte. Moins de la moitié des vendeurs ont demandé quand le téléphone serait utilisé -une donnée essentielle pour le choix d'un forfait approprié.

L'information fournie n'était pas plus généreuse. Ainsi, seulement six vendeurs ont expliqué la différence entre un forfait et un service à la carte. Aucun n'a précisé qu'un bris de contrat entraînait des frais. À peine six conseillers ont indiqué à leur jeune client combien lui coûterait chaque mois l'usage de son cellulaire.

«Dans ce contexte, on peut se demander comment il se fait que 26 vendeurs se soient sentis suffisamment à l'aise pour faire une suggestion à nos jeunes enquêteurs», relèvent les auteurs de l'enquête.

De son côté, Bell Mobilité indique qu'elle va étudier les résultats de l'enquête avant d'apporter, s'il y a lieu, les correctifs nécessaires.

«Il faut une interaction entre le vendeur, le mineur et ses parents, qui doivent travailler ensemble», soutient le porte-parole, Jacques Bouchard.

Les conséquences d'un choix inapproprié sont suffisamment néfastes pour que l'ACEF de l'Île-Jésus, à Laval, mette sur pied, à l'intention des jeunes, un atelier sur les cellulaires.

«On rencontre des jeunes qui ont des comptes en souffrance de 600 à 1100$, relate la conseillère budgétaire Eduarda Freitas. J'ai même vu un compte de 2000$.»

Les effets s'exercent à long terme: un mineur qui néglige le paiement de son compte peut voir son dossier de crédit entaché. Mme Freitas a été témoin d'au moins deux cas où des mineurs ont été harcelés par des agences de recouvrement.

«Il vaut mieux faire de la prévention», dit-elle. Avant les appels à l'aide.

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