Sur Facebook, de grandes marques pourront devenir vos «amis», contacter toutes vos relations et s'insérer sur vos pages pour vous bombarder de publicités personnalisées en fonction de vos goûts, grâce au nouveau système publicitaire du site de socialisation.

Sur Facebook, de grandes marques pourront devenir vos «amis», contacter toutes vos relations et s'insérer sur vos pages pour vous bombarder de publicités personnalisées en fonction de vos goûts, grâce au nouveau système publicitaire du site de socialisation.

Fort de 50 millions d'inscrits, Facebook a comme ses rivaux ouvert tout grand sa porte aux annonceurs, en leur permettant de cibler ses membres. Des membres qui décrivent volontairement leurs goûts sur leur pages -- un rêve de publicitaire.

Le site a ainsi annoncé mardi que les annonceurs pourront envoyer sur les pages personnelles de ses membres des publicités ciblées, liées à leur profil et leurs actions sur le site.

D'abord, les grandes marques deviendront membres à part entière du réseau, a annoncé Facebook lors d'une réunion à New York avec 60 gros annonceurs.

Dès mardi paraîtront sur le site 100 000 «pages personnelles» de marques et d'entreprises, qui pourront ainsi «interagir» avec les membres.

Si un membre entre en contact avec la page d'une entreprise, cette interaction «se diffusera sur tout le graphique social» de l'internaute (la liste de ses contacts sur Facebook), explique le site.

Autre possibilité, les annonceurs pourront envoyer des messages publicitaires aux membres en rapport avec leurs actions ou celles de leurs amis sur le site, comme par exemple l'achat d'un produit ou la critique d'un restaurant.

Ces publicités apparaîtront sur le côté gauche de leur page personnelle ou parmi les «nouvelles» concernant leurs amis.

«Nous allons aider vos marques à faire partie des conversations quotidiennes qui se produisent tous les jours» entre les membres, a déclaré le PDG Mark Zuckerberg dans une lettre à ses partenaires annonceurs, révélée mardi par la presse spécialisée.

Facebook, né début 2004 et qui vient de franchir la barre des 50 millions de membres, est le deuxième site de socialisation le plus populaire de monde, derrière son rival MySpace qui compte plus de 100 millions de membres. Microsoft a acquis le mois dernier 1,6% de Facebook pour 240 millions de dollars, ce qui valorise le site au montant astronomique de 15 milliards de dollars.

Tous les sites populaires suivent le même filon: celui des publicités ciblées, mieux payées par les annonceurs et bien plus efficaces qu'un spot télévisé qui s'adresse à tous.

Elles devraient selon le cabinet eMarketer, atteindre 3,8 milliards de dollars en 2011, dix fois plus qu'actuellement.

MySpace vient lui d'améliorer son outil de publicité ciblée, pour que les annonceurs ciblent mieux ses membres selon leur lieu de résidence, leur âge, leur sexe ou leurs goûts.

Il a ainsi annoncé lundi la mise en place début 2008 d'un système en libre-service qui permettra aux PME et aux indépendants de décrire dans un formulaire la cible qu'ils visent (lieu, âge, sexe, champ d'intérêt...) et leur bannière apparaîtra sur la page des membres visés.

Ces initiatives, qui se répandent sur internet, indignent les défenseurs de la vie privée.

«Quand des données sont rassemblées, vous devez demander à quoi elles servent, qui les utilisera et comment», a réagi Melissa Ngo, l'une des responsables de l'Electronic Privacy Information Center (EPIC).

L'EPIC est l'un des organismes qui a porté plainte contre le rachat de la régie de publicité ciblée DoubleClick par Google.

«Les utilisateurs postent leurs données pour leurs amis, pas pour les publicitaires», a martelé Guilherme Roschke, de l'EPIC.

«Les sites de socialisation en disent beaucoup sur vous et sur vos amis. Si Facebook veut partager ces données avec les publicitaires, il doit demander la permission», a-t-il plaidé.

«Ces sites ont attiré des membres en leur offrant un espace privé où échanger, puis changent la donne quand la base est suffisamment grande», a relevé Mme Ngo. «Les membres doivent pouvoir refuser que leurs informations soient collectées», a-t-elle réclamé.