Google veut créer le «moteur» à tout faire des téléphones portables, s'appuyant sur des milliers d'informaticiens bénévoles: les usagers peuvent espérer multitude de nouvelles fonctions, mais aussi des publicités sur-mesure qui enrichiront le géant du net.

Google veut créer le «moteur» à tout faire des téléphones portables, s'appuyant sur des milliers d'informaticiens bénévoles: les usagers peuvent espérer multitude de nouvelles fonctions, mais aussi des publicités sur-mesure qui enrichiront le géant du net.

Google a annoncé lundi une alliance avec 33 acteurs de la téléphonie mobile (opérateurs, fabricants, groupes informatiques...) pour créer «Android»: un système au coeur des nouveaux modèles de téléphones, et que tout programmeur pourra enrichir de nouvelles fonctions. Les téléphones équipés d'Android arriveront mi-2008.

S'il réussit son pari, Google remportera le gros lot: la mainmise sur le «troisième écran», encore à ses débuts mais promis à une même explosion que la télé et l'ordinateur.

«Google applique à l'espace mobile la même recette que Microsoft avec le PC il y a 25 ans,» a commenté Carmi Levy, vice-président d'AR Communications.

«Avant le système Windows de Microsoft, le monde des ordinateurs personnels était fragmenté entre plates-formes concurrentes. Microsoft a lancé sa plate-forme et a tout changé, créant un écosystème qui a attiré tous les acteurs grands et petits», a-t-il souligné.

«Si Google réussit, le paysage actuel où les téléphones sont bloqués par les opérateurs, qui contrôlent leurs fonctions, va changer: les opérateurs auront moins de contrôle et les usagers davantage», a-t-il ajouté.

Le système de Google concurrencera les leaders actuels: Symbian, système qui fait tourner les trois-quarts des téléphone mondiaux - Nokia et ses rivaux: l'iPhone d'Apple, les Palm, les BlackBerry (groupe RIM) - et Windows Mobile de Microsoft.

Mais le cabinet Strategy Analytics ne prévoit pas de raz-de-marée Google: Android pourrait équiper 2% des téléphones dès la fin 2008.

Tout dépendra en fait des innovations qu'apportera Android. Pour cela, Google compte sur la vaste communauté du logiciel libre, et va dans une semaine publier la trame d'Android, pour que les programmeurs l'enrichissent de programmes de leur cru.

C'est le modèle d'innovation du logiciel libre: des dizaines de milliers de programmeurs dans le monde, surtout en France et aux États-Unis, créent bénévolement des programmes, que chacun peut à son tour améliorer - par goût, désir de se faire connaître ou pour une recherche universitaire.

C'est cette communauté, qui gagne peu à peu du terrain face aux logiciels payants, qui fait le succès du site de socialisation Facebook, fort de 5000 programmes, ludiques ou sérieux, adoptés par des millions de fans.

Apple compte aussi ouvrir son iPhone aux programmeurs extérieurs, mais seulement dans six mois.

Pour l'utilisateur, tout peut être imaginé, notament tout ce qui est lié à la localisation géographique par GPS ou à l'échange de vidéos ou autres données, avec un accès internet déjà analogue à celui d'un ordinateur d'il y a quatre ans. Et l'appetit est grand, notamment aux États-Unis où l'usage de l'internet mobile est très en retard sur l'Europe l'Asie.

Pour Google, c'est une opportunité fantastique pour s'installer dans les poches de milliards de consommateurs et développer la publicité sur portables personnalisée et localisée, dont les recettes devraient décupler en 5 ans.

«Google s'implante agressivement dans le domaine des cellulaires, pour développer ses publicités ciblées et liées aux recherches au-delà de l'ordinateur», a résumé Chris Ambrosio, du cabinet Strategy Analytics.

«Recevoir une publicité pour un restaurant du quartier quand vous êtes chez vous est une chose, mais recevoir sur votre portable l'annonce d'un restaurant du coin quand vous êtes en déplacement, juste quand vous avez faim, c'est complètement différent», critique toutefois le blogueur spécialisé Chris Krasowski.

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