L'Autriche pourrait devenir le premier pays à décider le recours à l'espionnage informatique, le gouvernement ayant donné mercredi son accord de principe pour autoriser la police à espionner les ordinateurs de personnes soupçonnées de terrorisme ou de criminalité.

L'Autriche pourrait devenir le premier pays à décider le recours à l'espionnage informatique, le gouvernement ayant donné mercredi son accord de principe pour autoriser la police à espionner les ordinateurs de personnes soupçonnées de terrorisme ou de criminalité.

Pour le ministre de l'Intérieur, Günther Platter (conservateur), questionné à l'issue d'un conseil des ministres à Vienne, «c'est une question sensible pour les autorités».

Lui-même et la ministre social-démocrate de la Justice, Maria Berger, ont tenu à souligner que cette procédure respecterait «les droits individuels des citoyens» et qu'elle ne s'appliquerait qu'à des personnes soupçonnées de crimes graves ou de terrorisme et justiciables d'une peine de prison de dix ans minimum. De plus, a précisé Maria Berger, la police devra au préalable solliciter l'autorisation d'un juge.

L'expérience a démontré que «les autorités pouvaient avoir recours à de nouvelles méthodes de surveillance avec modération et proportionnellement à la gravité des crimes et délits», a-t-elle ajouté.

Pour le ministre de l'Intérieur, «il faut être au niveau des criminels» et «l'internet est aujourd'hui pour eux un important moyen de communication».

Les critères de recours à cette procédure seront précisés au sein d'un groupe de travail interministériel jusqu'en février prochain et l'espionnage informatique pourrait entrer en vigueur en Autriche à l'été prochain.

La police pourrait ainsi espionner à distance les disques durs des ordinateurs de particuliers en leur envoyant par courrier électronique des «chevaux de Troie», sortes de virus informatiques, qui, secrètement, analyseraient les logiciels à distance. Soit le virus informatique pourrait être placé dans l'ordinateur visé par des policiers s'introduisant discrètement au domicile du suspect, soit il serait inséré directement dans le système informatique à espionner par le biais d'un courrier électronique, que la police enverrait sous une fausse identité.

En Allemagne, où le ministre de l'Intérieur, le chrétien-démocrate Wolfgang Schäuble, s'est fait le champion du recours à l'espionnage informatique, la question divise les partis, y compris au sein du gouvernement de «grande coalition» de la chancelière chrétienne-démocrate Angela Merkel, notamment en raison des souvenirs de l'Etat policier totalitaire nazi. Ainsi, le Parti social-démocrate (SPD), partenaire des conservateurs au sein du gouvernement, s'est toujours montré très sceptique.