Techno

Êtes-vous technostressé ?

Déjà 13 h. Le téléphone sonne. Les courriels entrent à profusion dans votre boîte et vous avez une recherche à faire sur Internet. Dans quelques minutes, on vous attend pour une réunion... Pour tout régler vos dossiers, il vous faudrait 36 heures. Comme si cela n'était pas assez, vous sentez vos yeux lourds... et vos collègues commencent sérieusement à vous tomber sur les nerfs. Une bonne question à vous poser : êtes-vous technostressé ?

Publié le 9 oct. 2007

Olivier Bourque LE SOLEIL

Selon le webzine 01net.com, le terme technostress provient du néologisme créé par Larry Rosen, professeur à la California State University, et désigne le stress causé par l'usage des nouvelles technologies. Une tare qui touche maintenant toutes les sphères professionnelles.

«Le technostress est de plus en plus présent dans les milieux de travail en raison de la rapidité avec laquelle le travailleur doit traiter l'information», explique Éveline Marcil-Deneault, coordonnatrice chez Proact, une boîte de programmes d'aide aux employés.

En fait, ces nouvelles technos ont aboli les repères du temps et de l'espace. On peut contacter un point opposé de la terre en une fraction de seconde. En d'autres mots, le travailleur moyen est surstimulé par une quantité exponentielle d'informations.

«Tous ces changements rapides sont des vecteurs d'anxiété et de stress», indique Mme Marcil-Deneault.

Jacinthe Baribeau, neuropsychologue et conférencière de Stress et surcharge d'information, fait la même lecture. Selon elle, le problème est avant tout inconscient.

«Le cerveau est constamment en alerte. Il veut traiter l'information mais parfois c'est impossible», explique-t-elle. Le travailleur est l'objet d'une lutte entre le pouvoir et le vouloir. D'autant plus que l'Homo travaillus a évacué la majorité de ses pauses d'hygiène mentale durant la journée. Ces petits moments qui permettaient au cerveau de s'aérer.

«Avant, il fallait aller chercher les papiers dans les filières, ça faisait travailler le corps, les yeux. Maintenant, le travailleur n'a plus ces prétextes, ces alibis pour marquer une pause», indique la neuropsychologue.

Effets physiques et psychologiques

Les effets du technostress sont multiples. L'individu devient irritable, montre des signes d'hostilité envers les autres, est impatient et agité. Des travailleurs en viennent même à considérer leurs collègues comme des ordinateurs et souhaitent que ceux-ci réagissent immédiatement.

«Cela peut engendrer des problèmes de santé mentale. Il y a aussi un lien entre le burn-out et l'utilisation de ces nouvelles technologies», confie Mme Baribeau.

Certaines clientèles seraient plus à risque avec au premier rang les travailleurs âgés, moins réceptifs aux changements. Selon une étude de Ressources humaines et Développement social Canada publiée en 2003, le stress causé par l'obligation d'acquérir de nouvelles connaissances en informatique était de 13 % pour les travailleurs de moins de 35 ans et augmentait pour dépasser 20 % chez les plus de 45 ans.

«L'âge a été identifié comme un adaptateur plus difficile concernant ces technologies. Certains voient leur estime de soi diminuer. Ils se disent : pourquoi un jeune sans aucune expérience est meilleur que moi ?», souligne Mme Marcil-Deneault.

Les deux spécialistes hésitent toutefois à condamner ces nouvelles technologies, qui facilitent également les communications. L'avenir est finalement dans la modération et l'équilibre. «Il faut se resynchroniser avec ses propres signaux», conclut Éveline Marcil-Deneault.