En Grande-Bretagne, les patients doivent attendre jusqu'à six mois pour consulter un psychiatre en passant par le système de santé public, mais désormais une nouvelle possibilité s'offre à eux: s'asseoir devant un ordinateur et raconter leurs problèmes à un logiciel spécialisé dans la lutte contre les crises de panique, les dépressions légères et les phobies.

En Grande-Bretagne, les patients doivent attendre jusqu'à six mois pour consulter un psychiatre en passant par le système de santé public, mais désormais une nouvelle possibilité s'offre à eux: s'asseoir devant un ordinateur et raconter leurs problèmes à un logiciel spécialisé dans la lutte contre les crises de panique, les dépressions légères et les phobies.

Mary a longtemps souffert d'une forme de claustrophobie qui l'empêchait de voyager en avion, en métro ou même en voiture.

La consultation d'un psychologue ne l'ayant pas aidée, cette comptable de 61 ans a essayé une autre méthode: «Fearfighter», l'un des deux programmes informatiques approuvés en février par les autorités britanniques pour aider les personnes souffrant de crises de panique, dépressions légères ou phobies.

Certains patients ont donc désormais le choix entre voir un thérapeute ou recourir au logiciel, dont le coût d'utilisation est pris en charge par le système de santé public, le National Health Service (NHS).

Les patients qui passent par le NHS attendent souvent jusqu'à six mois avant de voir un psychiatre, et près de 90% des Britanniques souffrant de dépression légère ne voient jamais de thérapeute.

«Six mois, ce peut être trop long pour certains patients», observe le Dr Paul Grime, expert en médecine du travail à l'Hôpital royal libre de Londres.

La nouvelle thérapie offre la possibilité d'obtenir une aide facilement, en entrant simplement un mot de passe pour accéder au programme en ligne.

Depuis qu'elle a été approuvée, de nombreux patients délaissent les cabinets des thérapeutes, préférant se connecter depuis chez eux ou se rendre dans des bibliothèques afin d'utiliser des ordinateurs spécialement configurés.

Un tel traitement est rendu possible par le fait que les personnes souffrant de phobies, comme la peur des araignées ou le vertige, reçoivent en général la même thérapie de base. Les experts britanniques ont conclu qu'il permettait de soigner de manière aussi satisfaisante les patients que les séances avec un professionnel.

«L'idée est que les parties répétitives de la thérapie soient réalisées par un ordinateur, qui peut ensuite prendre des décisions basées sur ces réponses», explique le Dr Isaac Marks, professeur à l'Institut de psychiatrie du King's College de Londres et co-créateur de «Fearfighter».

Traiter des problèmes comme les phobies ou les dépressions légères revient souvent à enseigner simplement de nouvelles façons de penser ou de réagir, chose pour laquelle un ordinateur peut être programmé, ajoute le Dr Marks.

On estime que plusieurs milliers de Britanniques ont déjà été traités avec cette méthode innovante.

De nombreux essais en Grande-Bretagne, aux États-Unis et ailleurs ont montré que les patients aidés par des logiciels en retiraient autant de bénéfices que ceux conseillés par des thérapeutes. Le recours à l'ordinateur revient également moins cher et pourrait aider des systèmes de santé en manque de fonds à étendre l'offre de soins.

Toutefois, les psychiatres de chair et d'os ont toujours un rôle important à jouer.

«Nous avons toujours besoin des thérapeutes pour être créatifs et faire toutes sortes de choses que l'ordinateur ne peut faire, comme manifester de l'empathie et réagir à la singularité de l'histoire d'une personne», souligne le Dr Jesse Wright, psychiatre à l'université de Louisville, aux États-Unis.

En outre, des problèmes psychiatriques graves comme les troubles bipolaires, les tendances suicidaires et la schizophrénie sont trop complexes pour être soignés par des logiciels.

Avec «Fearfighter», les patients apprennent par exemple à reconnaître les signes qui déclenchent leurs crises de panique pour tenter de les éviter, ou encore à gérer leurs peurs.

Pour Mary, la thérapie semble avoir marché. Après huit semaines de traitement, elle a pu prendre le métro sans la moindre angoisse. «Je suis étonnée, dit-elle, que cela soit arrivé si vite.»