Les grands villes américaines annulent ou réduisent leurs projets ambitieux d'installer des réseaux Wi-Fi quasiment gratuits pour leur citoyens, en raison de coûts qui se révèlent plus importants que prévu.

Les grands villes américaines annulent ou réduisent leurs projets ambitieux d'installer des réseaux Wi-Fi quasiment gratuits pour leur citoyens, en raison de coûts qui se révèlent plus importants que prévu.

San Francisco et Chicago viennent de stopper brutalement leurs projets de Wi-Fi municipaux, après la décision du fournisseur de réseaux internet EarthLink, principal partenaire de plusieurs villes, de se restructurer drastiquement en supprimant près de la moitié de ses effectifs.

Face à la multiplication des offres concurrentes bon marché, EarthLink a vu chuter le nombre de ses abonnés et plongé dans le rouge, avant de décider fin août de supprimer 900 emplois, n'en gardant que 1000.

De nombreux maires américains avaient vu dans le Wi-Fi le moyen d'offrir internet à tous leurs citoyens, notamment les plus défavorisés.

Mais avec la baisse des prix des abonnements commerciaux à l'internet, de moins en moins de personnes sont intéressées, alors qu'un tel réseau coûte cher car il faut de nombreux relais pour couvrir toute une ville.

«Certains pensaient qu'énormément de gens se précipiteraient avec leur (ordinateur) portable pour utiliser» ces réseaux. «Mais le Wi-Fi ne pénètre pas bien à l'intérieur des bâtiments, et il est cantonné surtout aux hôtels, aux aéroports et aux cafés», a souligné Daryl Schoolar, analyste du cabinet In-Stat.

MuniWireless, site qui recense les projets municipaux, a comptabilisé 400 villes qui préparent ou ont installé un réseau Wi-Fi. Mais peu sont en service et la plupart sont réservés à la police ou aux services d'urgence.

«Le problème est de trouver un modèle économique qui fonctionne», a commenté Stan Schatt, analyste d'ABI Research.

A San Francisco, Google se préparait avec Earthlink à soutenir un projet de Wi-Fi public gratuit, où les utilisateurs accepteraient de voir des publicités, ou payant pour une version sans publicité. Mais la ville n'a pas réussi à trouver un accord avec Earthlink avant que l'entreprise annonce sa restructuration.

A Chicago, des responsables ont annoncé le 31 août qu'ils allaient «réévaluer» leur projet, faute d'un projet acceptable pour les finances de la ville.

Philadelphie, la plus en pointe, a installé un réseau qui couvre environ la moitié de la ville. L'association sans but lucratif Wireless Philadelphia a fourni des ordinateurs portables à quelque 300 personnes à bas revenus, et un accès Wi-Fi pour environ 10 dollars par mois. De nombreux parcs offrent un accès gratuit, et un accès illimité sur la ville est proposé pour environ 20 dollars par mois.

«Philadelphie reste l'exemple», a commenté le directeur de Wireless Philadelphia Greg Goldman, précisant que la réorganisation de son partenaire Earthlink n'affecterait pas le projet.

Earthlink a précisé de son côté qu'il maintenait son engagement vis-à-vis de Philadelphie mais n'accepterait aucun nouveau projet bâti sur cet «ancien modèle économique», où il a dû financer le réseau et ensuite conquérir des clients, a expliqué Rolla Huff, PDG de EarthLink devant des analystes.

«La réorganisation d'EarthLink est le rappel à la réalité dont le marché des réseaux municipaux a besoin», a commenté Joe Panettieri, du site MuniWireless, pour qui «trop de villes continuent à se focaliser sur des projets ambitieux sans clair moyen de rentabilité».

Avec ou sans les municipalités, de plus en plus de réseaux sans fil vont pourtant être mis en place, estiment les analystes.

D'autres formats semblent prometteurs, comme le WIMAX, dont les points d'accès ont une plus grande portée que le Wi-Fi. Les opérateurs Sprint Nextel et Clearwire préparent la mise en place de vastes réseaux à cette norme aux États-Unis et dans d'autres pays.