«C'est bien sûr une technologie très intéressante pour faciliter la vie des non-voyants. Mais ce n'est pas magique. Il faut voir ça comme un outil de plus qui s'ajoute à la canne blanche et au chien-guide.»

«C'est bien sûr une technologie très intéressante pour faciliter la vie des non-voyants. Mais ce n'est pas magique. Il faut voir ça comme un outil de plus qui s'ajoute à la canne blanche et au chien-guide.»

Spécialiste en orientation et en mobilité au Centre de réadaptation Estrie (CRE), Raymond Alarie résume ainsi l'utilité du Trekker, un système GPS de soutien dans le déplacement des personnes aveugles et handicapées visuelles.

Développée par la firme HumanWare de Drummondville (autrefois VisuAide) il y a quelques années, l'équipement en question a fait l'objet hier d'une présentation organisée par l'Association des personnes handicapées visuelles de l'Estrie (APHVE).

Le petit local de la rue Saint-Charles de l'organisme communautaire fondé en 1977 était plein à capacité de gens curieux d'en savoir plus sur cette technologie et surtout de l'expérimenter via un déplacement pédestre jusqu'à la Résidence Saint-Colomban, en aller-retour.

Le Trekker est un ordinateur de poche muni d'un clavier, d'un minuscule haut-parleur et d'un GPS (positionnement et repérage par satellite).

Graduellement en cours de déplacement, l'équipement à la voix mécanique indique à son interlocuteur là où il se trouve: énumération des noms de rues, d'intersections, d'adresses, de points de repère (comme un commerce ou une institution et des points cardinaux.

«C'est une aide à l'orientation et non à la mobilité. En ce sens-là, la personne non-voyante doit déjà avoir l'expérience en matière de déplacement, soit à pied ou à bord d'un véhicule comme un autobus», émet en outre M. Alarie. Pour la démonstration d'hier, il était accompagné de sa collègue Lucie Fortin.

C'est d'ailleurs dans ces deux modes de déplacement que le Trekker est le plus utile. Le troisième mode, dit libre (quand la personne se trouve par exemple sur un plan d'eau), livre l'information en fonction des degrés.

L'utilisateur peut en outre insérer ses propres points d'intérêt vocaux et peut ainsi planifier et enregistrer son propre itinéraire. Comme lors d'un déplacement à Montréal, par exemple. «Un gros avantage c'est en matière de déplacement en transport en commun. Ça aide énormément le non-voyant à prendre la bonne sortie», dit encore M. Alarie.

Sentiment de sécurité

Au terme du test pratique par les rues Saint-Charles, Élaine-C. Poirier ou Carmen, le président de l'AHPVE, Jean-Paul Turgeon, a indiqué que c'est un bon outil, qui ira en se perfectionnant.

«À bien des points de vue, ça améliore les déplacements et ça apporte un sentiment de sécurité. Par exemple dans l'autobus, ça offre une plus grande autonomie au lieu de se fier au chauffeur ou à un autre passager pour débarquer au bon endroit. C'est un instrument qui permet aux non-voyants de réduire et même d'éliminer le stress quand on a à se déplacer», résume M. Turgeon. Mais bien sûr c'est de l'informatique et ça peut boguer à l'occasion.

Le principal hic c'est le prix d'achat du Trekker, près de 2300 $. Et pour l'instant, contrairement à la canne blanche et au chien-guide, il n'y aucun remboursement par la Régie d'assurance-maladie du Québec, au chapitre des aides techniques. Mais la liste en révision depuis déjà deux ans devrait normalement en tenir compte.