À peine sorti aux États-Unis après un battage médiatique sans précédent, l'iPhone suscite déjà nombre d'interrogations sur sa commercialisation en Europe, attendue pour la fin de l'année.

À peine sorti aux États-Unis après un battage médiatique sans précédent, l'iPhone suscite déjà nombre d'interrogations sur sa commercialisation en Europe, attendue pour la fin de l'année.

Les spéculations vont bon train. A la fois sur les pays où va être lancé le téléphone-baladeur d'Apple, mais surtout sur les opérateurs européens qui décrocheront l'exclusivité pour distribuer cet appareil.

Malgré son prix élevé (499 ou 599 dollars, selon les versions, entre 360 et 450 euros), l'opérateur téléphonique ATT et le groupe Apple auraient vendu depuis le lancement le 29 juin 310 000 à 700 000 iPhone, selon des estimations d'analystes, non confirmées officiellement.

Le Financial Times croyait savoir jeudi qu'Apple allait limiter le lancement européen de son téléphone-baladeur à trois pays (France, Royaume-Uni, Allemagne) et que l'opérateur O2, filiale britannique de l'opérateur mobile espagnol Telefonica, avait été retenu pour le Royaume-Uni.

Toujours selon le FT, l'iPhone sera lancé dans les autres pays d'Europe l'an prochain, en même temps qu'en Asie.

La veille, le quotidien allemand Rheinische Post affirmait que l'opérateur T-Mobile, filiale de Deutsche Telekom, avait obtenu l'exclusivité en Allemagne de l'iPhone, aux dépens du britannique Vodafone, donné pourtant favori.

Aucune de ces informations n'a été confirmée. Un porte-parole de O2 les a qualifiées de «spéculations». «Aucun contrat ou aucun accord d'aucune sorte n'a été signé», a-t-il insisté.

France Telecom, également candidat, garde le mutisme le plus absolu.

Le prix auquel sera commercialisé l'iPhone fait aussi l'objet de nombreuses rumeurs. Sur internet, certains parlent d'une fourchette de 899 à 999 euros, soit beaucoup plus cher qu'aux États-Unis, mais des spécialistes évoquent plutôt 400 à 500 euros.

Autre question: la version européenne pourra-t-elle utiliser les réseaux 3G dans lesquels les opérateurs ont massivement investis ? Aux États-Unis, l'iPhone n'emprunte que les réseaux 2,5G, moins rapides.

Malgré un prix élevé et une technologie qui ne devrait pas être à la pointe, les opérateurs européens se livrent une «vraie bataille» pour décrocher l'exclusivité, affirme Stéphane Dubreuil, du cabinet Sia Conseil, auteur de la première étude européenne sur l'impact de l'iPhone en Europe.

Ce produit «a une telle force d'attractivité qu'il permettra de conquérir de nouveaux clients sur les concurrents», explique-t-il. «C'est typiquement le produit que l'on préfère voir chez soi que chez le concurrent», quitte à faire des sacrifices.

Apple n'a jamais caché qu'il choisirait les opérateurs leaders sur leur marché mais à la condition que ces derniers acceptent ses exigences.

La «vraie révolution» de l'iPhone est que pour la première fois un fabricant de téléphone «court-circuite l'opérateur et établit un contact direct avec le client», souligne M. Dubreuil. Une perspective qui «inquiète» les Européens qui voient là une remise en cause de leur modèle économique, selon lui.

Apple a mis sa plate-forme iTunes au centre de l'iPhone, permettant au client d'acheter des contenus (musique, vidéos, jeux). Autant de sources de revenus et de relation client, jusque là sous le contrôle de l'opérateur, qui passent du côté du constructeur.

Avec ATT qui a l'exclusivité aux États-Unis, la situation est différente. L'opérateur n'a pas axé sa stratégie sur les contenus et tire l'essentiel de ses revenus des communications téléphoniques.