Quelques jeunes informaticiens français ont développé un logiciel pour programmer les robots domestiques, si simple d'utilisation qu'ils le voient capable de s'imposer au niveau mondial sur un marché susceptible d'exploser dans les toutes prochaines années.

Quelques jeunes informaticiens français ont développé un logiciel pour programmer les robots domestiques, si simple d'utilisation qu'ils le voient capable de s'imposer au niveau mondial sur un marché susceptible d'exploser dans les toutes prochaines années.

«Ce que nous voulons faire, c'est ce qu'a réussi Microsoft avec son logiciel Windows dans l'informatique personnelle», souligne Jean-Christophe Baillie, le fondateur de la société Gostai, lors d'un entretien avec l'AFP.

La perspective de voir un jour un robot vous servir un verre d'eau ou surveiller votre maison peut paraître lointaine, mais elle est prise très au sérieux dans des pays comme le Japon, où le vieillissement de la population est déjà une réalité tangible. La Corée du Sud a annoncé des plus officiellement sa volonté de faire entrer des robots dans ses foyers dès 2010.

Baptisé Urbi, le logiciel de Gostai fonctionne pour tous les robots, sous tous les systèmes d'exploitation, quel que soit le langage de programmation. Il est modulable, puissant et simple à utiliser. «Il permet de contrôler tout aussi bien un jouet à 200 euros qu'un robot humanoïde à 400 000 euros».

Gostai en fournit une version gratuite, téléchargeable, permettant de programmer les robots du fabricant danois de jouets Lego. «Cela nous permet de créer un "buzz" (rumeur positive) et de structurer une communauté de fans».

«Dans les salons spécialisés, vous avez des gamins de douze ans qui, au bout de 10 minutes, vous disent "pousse-toi de là" et commencent à programmer», assure M. Baillie. Mais c'est le même logiciel qui a été vendu à 25 universités dans le monde pour mener leurs recherches avancées en robotique.

Sur ce marché, Gostai ne connaît qu'un concurrent, mais quel concurrent: Microsoft. «C'est un peu le combat du pot de terre contre le pot de fer, mais dans cette lutte nous ne sommes pas sans arguments», affirme M. Baillie, en référence aux réticences de nombre d'informaticiens face au géant américain.

Car sur ce marché, comme sur d'autres, Microsoft veut imposer son logiciel Windows, alors que les programmeurs de systèmes embarqués travaillent le plus souvent sur Linux. Et son logiciel est jugé souvent lourd et compliqué.

«Cet Aibo, lui, a été programmé en un week-end», affirme en démonstration M. Baillie, en montrant de la main un des chiens-robots de Sony s'agiter au rythme d'une musique de Daft Punk. Le code pour que l'automate suive de la tête une balle que l'on agite devant lui tient en trois lignes, fait-il aussi valoir.

Le logiciel Microsoft, «c'est puissant, c'est vrai, mais il faut être ingénieur pour le faire fonctionner», critique le jeune enseignant-chercheur.

Créée il y a douze mois par M. Baillie, un ancien de Polytechnique tout juste âgé de 32 ans, Gostai est encore une toute petite société, employant 8 personnes (pas toutes à temps complet) et hébergée par le site parisien de l'Ecole nationale supérieure de Techniques avancées (Ensta).

Le défi est maintenant de lever les fonds nécessaires à sa croissance. «On a besoin de grossir très vite, car nous avons des ambitions importantes: qu'il y ait Urbi dans tous les robots. Quand une plate-forme aura émergé, les gens vont commencer à développer des applications et le phénomène va s'auto-entretenir».

Reste à convaincre les sociétés de capital-risque de la nature stratégique d'un tel investissement. «Notre dossier n'est pas facile. Nous avons un produit attirant, mais les investisseurs se posent des questions sur la concurrence de Microsoft et sur la durée de leur présence au capital», reconnaît M. Baillie.