Le Mexicain Carlos Slim, insatiable magnat des télécommunications, talonne désormais Bill Gates comme homme le plus riche du monde: au cours des deux dernières années, il a doublé sa fortune et dépassé le précédent dauphin Warren Buffett, selon le magazine américain Forbes.

Le Mexicain Carlos Slim, insatiable magnat des télécommunications, talonne désormais Bill Gates comme homme le plus riche du monde: au cours des deux dernières années, il a doublé sa fortune et dépassé le précédent dauphin Warren Buffett, selon le magazine américain Forbes.

Depuis le 29 mars, avec un patrimoine de 53,1 milliards de dollars, ce fils d'immigré libanais a dans sa ligne de mire le patron de Microsoft, crédité par la revue économique de 56 milliards.

Carlos Slim, 67 ans, le visage rond, moustache poivre et sel, front dégarni, ceint dans des costumes mal taillés qui soulignent son embonpoint, est peu connu. Cet homme discret a bâti sa fortune à la fin des années 80 en rachetant l'opérateur mexicain de téléphonie terrestre TELMEX que le président mexicain Carlos Salinas (1988-1994) a décidé de privatiser.

Maître de la reprise d'entreprise en difficultés et d'investissements judicieux en bourse, il est également à la tête de TELCEL, société de téléphonie portable, le groupe financier INBURSA, des chaînes de magasins et de restaurants.

Le boom des téléphones portable dans les années 90 l'a propulsé dans les hautes sphères de l'économie mondiale. Il compte 130 millions de clients en Amérique latine, dont 43 au Mexique.

Ingénieur des travaux publics de formation, il est présent dans tous les secteurs de l'économie mexicaine, l'industrie, les pneumatiques, l'assurance, l'immobilier, la construction, les mines, les cigarettes, l'hôtellerie, des acquisitions essentiellement effectuées quand l'économie mexicaine était en difficulté dans les années 80 ou 90.

Il se défend de vouloir prendre les commandes du classement Forbes et a déclaré en mars: «Moi, je continue d'avoir la même chose qu'il y a 10 ans».

«Je n'ai pas l'ambition de dépasser qui que ce soit», avait ajouté le magnat mexicain, se démarquant des actions philantropiques de Bill Gates.

«L'entrepreneur, par son expérience, vocation et talent, doit participer à la solutions des problèmes, en agissant plus qu'en donnant», avait-il expliqué.

Depuis début 2006, Slim a gagné 23 milliards supplémentaires au classement Forbes.

Au cours des deux mois suivant la publication du dernier classement Forbes, Slim a ajouté quatre milliards à sa fortune, grâce à Carso, la holding qui comprend Telmex, dont l'action a augmenté de 15%, et America Movil (opérateurs de téléphonie portable au Mexique et en Amérique latine) en passe de racheter Telecom Italia.

Au Mexique, sa fortune est souvent jugée scandaleuse. On le soupçonne en outre d'avoir «magouillé» pour obtenir la société publique TELMEX à un tarif nettement en-dessous du marché et d'abuser de sa situation de quasi-monopole dans les télécommunications.

Ses méthodes de management, une gestion de bon père de famille: «Structures simples, organigrammes avec des niveaux minimums de hiérarchie», «maintenir l'austérité dans les moments de prospérité renforce, permet de capitaliser, accélère le développement et évite des ajustements drastiques en période de vaches maigres», annonce le manuel du groupe Carso.

Il sait composer avec toute les composantes de la classe politique mexicaine, de la gauche qui veut réduire la pauvreté et taxer les riches à la droite libérale adepte du libre-échange.

Pariant sur le long terme, il a acheté plusieurs immeubles dans le centre de Mexico, pour les rénover et tenter de redonner son lustre d'antan à ce quartier aujourd'hui pris d'assaut par les vendeurs ambulants et délaissé par les classes moyennes. Si l'entreprise réussit, il encaissera une plus-value colossale.