Des professeurs sans étudiant. Des laboratoires à la fine pointe de la technologie pratiquement vides. Et des employeurs qui s'arrachent les cheveux, incapables de trouver la main-d'oeuvre qualifiée nécessaire. Bienvenue dans le secteur des télécommunications !

Des professeurs sans étudiant. Des laboratoires à la fine pointe de la technologie pratiquement vides. Et des employeurs qui s'arrachent les cheveux, incapables de trouver la main-d'oeuvre qualifiée nécessaire. Bienvenue dans le secteur des télécommunications !

La clochette d'alarme, c'est le Cégep Limoilou qui vient de la faire retentir. Devinez le nombre de demandes d'admission en télécommunications reçues jusqu'à maintenant en prévision de la rentrée de l'automne prochain ? Sept.

Et sur les sept, seulement quatre ont été acceptées. Les trois demandes rejetées ne satisfaisaient pas les exigences de base.

Dans ce secteur, le nombre de diplômés est en chute libre. De 47 en 2003, il est passé à 22 en 2006.

«Cette année, nous comptons 16 finissants et 14 d'entre eux ont déjà un emploi permanent en poche», informe Mario Mercier, coordonnateur de l'option des télécommunications et responsable du programme d'électronique au Cégep Limoilou. «Dans le cas des deux autres, il n'y a pas de doute qu'ils auront trouvé un gagne-pain le jour qu'ils sortiront du cégep.»

Des offres d'emploi, Mario Mercier dit en avoir reçu 59 - dont 52 postes permanents - depuis janvier pour ses 16 finissants.

Il insiste pour dire qu'un technicien en télécommunications gagne bien sa croûte - le salaire d'entrée se situe à près de 35 000 $ - , que le boulot est tout sauf routinier et qu'il offre même des ouvertures à l'international. Le taux de chômage pour les diplômés en télécommunications est de 7 %.

Selon le Comité sectoriel de main-d'oeuvre en technologies de l'information et de la communication, le secteur des télécommunications emploie, au Québec, environ 60 000 personnes et regroupe plus de 700 entreprises.

Des entreprises spécialisées dans la télédistribution, la radiodiffusion, la câblodistribution, la téléphonie, la fabrication de matériel de communication, la fibre optique, la photonique, la transmission à haute vitesse et Internet. Des gros noms comme Radio-Canada, Vidéotron, Cogéco, Bell, Telus, Rogers, Microcell Télécommunications, Ericsson, EXFO.

La faute à Nortel

L'éclatement de la bulle technologique au début des années 2000 a fait fuir les jeunes du secteur des télécommunications. «Les télécoms, ce n'est pas que Nortel», précise Mario Mercier.

Selon sa collègue Claire Voyer, coordonnatrice du programme technologies du génie industriel, le secteur des télécommunications est méconnu auprès du grand public. «Les télécommunications, c'est bien plus que le téléphone qui se trouve sur le coin du bureau», intervient Mario Mercier en précisant que le secteur de la téléphonie cellulaire avait connu une progression de près de 60 % en 2006.

Dans une étude rendue publique l'an dernier, le Conseil des technologies de l'information et des télécommunications indiquait que, compte tenu de la croissance constante du secteur, les employeurs allaient être confrontés rapidement à une pénurie de main-d'oeuvre qualifiée.

Les effets de la baisse démographique et de la diminution de l'intérêt des jeunes pour les études collégiales en technologie expliquent également la chute des ins-criptions en télécommunications, un domaine d'étude jugé exigeant et qui requiert la réussite au secondaire de cours avancés en mathématiques et en sciences physiques.

À cet égard, les chiffres ne mentent pas. Les demandes d'admission en génie électrique au Cégep Limoilou (qui regroupe les programmes de télécommunications, d'audiovisuel, d'électronique industrielle et de systèmes ordinés) ont dégringolé de 53 % entre 2000 et 2005, passant de 308 à 131.

Pendant ce temps, les demandes d'admission pour l'ensemble des programmes du collège augmentaient de 13 %.