À Québec, il y a eu la bataille des Plaines d'Abraham. Aux États-Unis, celle de Gettysburg, durant la Guerre de sécession. Dans l'univers du Wi-Fi, les historiens se souviendront de la bataille de Philadelphie.
À Québec, il y a eu la bataille des Plaines d'Abraham. Aux États-Unis, celle de Gettysburg, durant la Guerre de sécession. Dans l'univers du Wi-Fi, les historiens se souviendront de la bataille de Philadelphie.
Tout a commencé un beau jour de septembre 2004, à l'hôtel de ville de Philadelphie. Devant des journalistes incrédules et un peu sceptiques , le maire annonce qu'il couvrira sa ville d'un réseau Wi-Fi. Tous les citoyens de Philadelphie auront désormais accès à une connexion internet haute vitesse.
Dans les bureaux de Verizon à New York, le virage Wi-Fi du maire de Philadelphie est interprété comme une déclaration de guerre.
Le géant des télécommunications et le plus grand fournisseur internet de la Pennsylvanie n'a d'autre choix que de sortir l'artillerie lourde.
Il parvient à convaincre les membres de l'assemblée législative de la Pennsylvanie de voter une loi interdisant aux villes de l'État d'offrir un réseau Wi-Fi sans négocier d'abord avec le sociétés de téléphonie locale dont Verizon pendant de deux ans.
La ville de Philadelphie n'allait pas rendre les armes si facilement. Il a demandé au gouverneur de l'État un ancien maire de la ville d'exercer son droit de veto et d'annuler la loi proposée par des élus républicains à la demande de Verizon. Le gouverneur n'a finalement pas eu à s'en mêler.
Verizon et la Ville de Philadelphie ont trouvé un terrain d'entente permettant la construction du réseau Wi-Fi. Mais les autres villes de l'État sont toujours assujetties à la loi et aux pouvoirs des sociétés de téléphonie locale comme Verizon.
La cinquième ville en importance aux États-Unis met présentement la touche finale à son réseau Wi-Fi, construit au coût de 17 millions en partenariat public-privé avec la société Earthlink. Le réseau sera gratuit au centre-ville et payant dans les autres quartiers.
Personne n'a jamais vraiment gagné la bataille de Philadelphie. Mais Dianah Neff, qui dirigeait Wireless Philadelphia à l'époque, a le sentiment du devoir accompli. «Seul un autre État a imité la Pennsylvanie, qui étudie elle-même à l'heure actuelle un projet de loi visant à annuler la loi demandée par Verizon», dit-elle.
Tous les télécoms américaines ne sont pas partis en guerre contre le Wi-Fi. Certains y ont même vu un marché intéressant. «Verizon n'a jamais accepté de contrat mais d'autres télécoms l'ont fait, dit Mme Neff. AT&T a construit des réseaux Wi-Fi en Illinois et en Californie. La société essaie aussi d'obtenir le réseau à Chicago.»
Si Montréal se dote un jour d'un centre-ville Wi-Fi, les télécoms québécoises lui déclareront-ils la guerre? «Comme leader québécois, nous voyons d'un bon œil toute hausse du taux de pénétration d'internet, dit Isabelle Dessureault, directrice des affaires corporatives de Vidéotron. Il peut y avoir des clients qui vont nous glisser entre les mains à cause du Wi-Fi mais nous y voyons aussi de nouvelles opportunités d'affaires.»
Même son de cloche chez BCE. «L'industrie a appris de l'expérience de Verizon, dit Philippe Giffard, vice-président de Bell Mobilité. De toute façon, un réseau Wi-Fi déployé de façon aussi large ne peut être aussi sécuritaire que nos réseaux.»
Conclusion: la bataille de Philadelphie ne se transportera pas à Montréal. «Nous ne nous opposerons pas à un projet de centre-ville Wi-Fi, dit Isabelle Dessureault, de Vidéotron. La question est plutôt de savoir si Montréal a les reins assez solides pour soutenir un tel projet. Ce débat est celui des contribuables.»
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