Après avoir conquis l'administration, les logiciels libres attirent de plus en plus les entreprises françaises, un succès motivé par des économies de coût et une plus grande indépendance sur le plan technique.

Après avoir conquis l'administration, les logiciels libres attirent de plus en plus les entreprises françaises, un succès motivé par des économies de coût et une plus grande indépendance sur le plan technique.

Par opposition aux logiciels protégés, les logiciels libres offrent accès à leur code source (leur «noyau»), ce qui permet à tous de les utiliser, les transformer et les distribuer. S'ils ne sont pas forcément gratuits, ils permettent en général de réduire la facture des licences.

Parmi les récentes conversions, le groupe automobile PSA qui va déployer le système d'exploitation Linux, rival du Windows de Microsoft, sur 20 000 postes bureautiques et 2500 serveurs.

«On cherchait à maîtriser le coût du poste de travail, de plus en plus élevé» avec la multiplication des logiciels, explique Jean-Marc Farret, à la direction de la communication de PSA. Autre atout avancé, «l'interopérabilité» qui permet d'éviter le problème de conversion de fichiers.

«Des grands comptes de la distribution, des compagnies aériennes, des banques ont des projets d'utilisation massive du logiciel libre, mais ne souhaitent pas communiquer», selon Alexandre Zapolsky, PDG de Linagora, société de services en logiciels libres.

Au niveau mondial, selon une étude de Forrester effectuée à l'automne dernier, 39% des groupes en Europe utilisent un ou plusieurs logiciels libres, et 35% aux Etats-Unis.

En France, si «le secteur privé prend un poids dominant dans les investissements», selon une étude du cabinet Pierre Audoin Consultants, le marché demeure «influencé par la demande publique».

Les administrations ont joué un rôle de pionnières en la matière. La Gendarmerie nationale a montré la voie en adoptant la suite bureautique Open Office, qui concurrence les logiciels Office de Microsoft, avant de décider de «migrer» aussi pour internet et la messagerie.

Plusieurs ministères se sont également tournés vers «l'open source», notamment Bercy dont le programme Copernic de modernisation fiscale, qui permet de déclarer ses impôts sur internet, est basé quasi-exclusivement sur l'informatique libre.

Etape symbolique, les députés français passeront au logiciel libre dès la prochaine législature avec Linux, Open Office et le navigateur internet Firefox.

«On a passé l'époque du questionnement, ça marche, c'est utile, c'est extrêmement fiable, au-delà de l'aspect coûts qu'on met beaucoup en avant», analyse François Mazon, directeur général de Steria France. Cette société de services informatiques a créé un pôle dédié au logiciel libre pour répondre à la «très forte croissance» dans ce domaine.

Le marché du libre a augmenté de 80% en 2006, à 450 millions d'euros, et devrait atteindre 2,2 milliards d'euros en 2010, selon Pierre Audoin Consultants. Plus optimiste, M. Zapolsky table à cette date sur un marché du libre de 3 milliards, soit 7,5% du marché des logiciels et services.

Les logiciels libres s'invitent même dans la campagne présidentielle, Ségolène Royal préconisant leur généralisation dans l'administration. Une «prise de conscience politique» se dessine, confirme Benoît Sibaud, président de l'April (Association de promotion et de recherche en informatique).

Le ministre de l'Economie Thierry Breton a annoncé en décembre la création prochaine en Ile-de-France d'un pôle de compétitivité axé sur le logiciel libre.