Au moment où l'interdiction de fumer dans les lieux publics s'impose partout dans le monde, la réalité virtuelle ouvre de nouvelles perspectives pour venir en aide aux fumeurs qui souhaitent s'arrêter, et plus généralement aux personnes dépendantes.

Au moment où l'interdiction de fumer dans les lieux publics s'impose partout dans le monde, la réalité virtuelle ouvre de nouvelles perspectives pour venir en aide aux fumeurs qui souhaitent s'arrêter, et plus généralement aux personnes dépendantes.

S'inspirant des expériences menées dans le traitement des phobies et des troubles anxieux (peur du vide, de l'avion, de s'exprimer en public...) ou du stress post-traumatique (attentat, guerre...), des recherches sont conduites, notamment aux États-Unis, sur la prise en charge des addictions grâce à la réalité virtuelle.

Le principe est simple: il s'agit de plonger la personne dépendante dans un monde virtuel où elle est exposée à des stimuli (visuels, auditifs, olfactifs, tactiles...).

Équipée d'un visiocasque avec écouteurs, elle «évolue» dans un environnement recréant des situations de la vie quotidienne (odeurs comprises...) et des ambiances qui peuvent conduire à avoir envie de la substance addictive (nicotine, alcool, cannabis, cocaïne...) et éveiller un état de manque.

À ce stade, le thérapeute prend le relais, utilisant les techniques classiques des psychothérapies cognitivo-comportementales (TCC), et s'efforce de développer avec la personne dépendante des stratégies pour résister et éviter la rechute.

La plongée dans un environnement virtuel proche de la réalité permet de gérer et contrôler les réactions du patient (des mesures physiologiques sont réalisées simultanément). Le thérapeute peut évaluer précisément sa dépendance et l'efficacité du traitement.

Si le système n'est pas encore validé cliniquement, «les premiers résultats sont prometteurs», a commenté Ken Graap, directeur général de Virtually Better, société d'Atlanta qui développe depuis plusieurs années des applications thérapeutiques de la réalité virtuelle et possède également une clinique.

Les travaux de recherche sur les addictions ont débuté il y a trois ans et des études sur le tabac sont actuellement en cours sur deux groupes de 40 personnes, a-t-il précisé par téléphone depuis Atlanta, lors d'une conférence de presse organisée cette semaine à Paris.

Virtually Better a développé pour le moment 7 environnements en liaison avec la nicotine: une soirée dans un loft, un trajet en voiture...

Le plus difficile pour le tabac, explique Ken Graap, c'est de trouver des «signaux neutres», car toutes sortes de situations peuvent susciter une envie de fumer. Pour certains, ce sera des situations de stress, pour d'autres au contraire une ambiance décontractée. Il n'y a guère que les aquariums avec des poissons qui ne soient pas des signaux évocateurs, plaisante-t-il.