Apple a triomphé mercredi avec des résultats trimestriels spectaculaires, marqués par un succès mondial des baladeurs iPod et un bénéfice d'un milliard de dollars, encore embellis par le futur iPhone, mais les analystes craignent un avenir assombri par le scandale des options d'achat d'actions.

Apple a triomphé mercredi avec des résultats trimestriels spectaculaires, marqués par un succès mondial des baladeurs iPod et un bénéfice d'un milliard de dollars, encore embellis par le futur iPhone, mais les analystes craignent un avenir assombri par le scandale des options d'achat d'actions.

Lors du trimestre clos fin décembre, dopé par les fêtes de fin d'année, Apple a vendu 21 millions de baladeurs, un record supérieur à toutes les attentes. Avec 3,4 milliards de dollars, les baladeurs ont représenté presque la moitié de ses ventes, davantage que les ordinateurs. Les ventes de musique sur son site iTunes ont elles aussi bondi de 30%.

Grâce aux iPod, le groupe américain a engrangé un bénéfice en hausse de 78%, à 1 milliard de dollars contre 565 millions un an plus tôt, ainsi qu'un chiffre d'affaires record de 7,1 milliards de dollars, accru de 24,5%, et un bénéfice par action de 1,14 dollar.

Des résultats qui dépassent largement les attentes des analystes, qui tablaient sur des ventes de 6,4 milliards et un bénéfice par action de 78 cents.

Le groupe a aussi vendu au cours du trimestre 1,6 million d'ordinateurs Mac, soit une hausse de 28%, grâce à une forte demande de ses ordinateurs portables (Notebooks), qui rapportent à Apple sa plus forte marge. En revanche, le nombre d'ordinateurs de bureau vendus a un peu baissé.

«Nous sommes incroyablement ravis d'annoncer des bénéfices records d'un milliard de dollars et un chiffre d'affaires record de plus de 7 milliards», a déclaré le PDG Steve Jobs, cité dans le communiqué.

«Nous avons donné le coup d'envoi de ce qui va être une très forte année de nouveaux produits pour Apple, avec le lancement de l'Apple TV et du révolutionnaire iPhone», a-t-il ajouté.

Le 9 janvier, Steve Jobs a annoncé le lancement pour juin prochain d'un téléphone-baladeur au design novateur, baptisé iPhone, ce qui a fait grimper l'action en Bourse à plus de 97 dollars, son plus haut niveau historique.

Il a aussi annoncé le lancement d'un décodeur permettant de transmettre les vidéos internet sur un téléviseur, l'Apple TV.

Mais cette bonne fortune commence à susciter des doutes. Vers 22h45 GMT, le titre baissait légèrement, autour de 95 dollars.

«Nous attendons des réponses à un certain nombre de questions sur les nouveaux produits et leur rentabilité», ont souligné les analystes de Deutsche Bank. «Nos prévisions seraient remises en cause si Apple ne parvenait pas à s'imposer dans le marché très compétitif du téléphone portable», ajoute JPMorgan.

De nombreux commentateurs s'inquiètent du prix élevé de l'iPhone (499 dollars) et du fait qu'il ne pourra être vendu qu'aux abonnés de l'opérateur téléphonique Cingular pour l'instant. Le nom même de l'appareil est en suspens, en raison d'une plainte déposée par l'équipementier en télécoms Cisco, propriétaire de la marque iPhone.

Mais le point le plus noir reste l'enquête en cours sur les options d'achat d'actions antidatées d'Apple, qui laisse planer une menace sur le PDG Steve Jobs.

Vendredi, la presse américaine a révélé que le procureur fédéral de San Francisco avait ouvert une enquête criminelle sur des options d'achat d'actions antidatées, après qu'Apple eût reconnu le mois dernier avoir eu recours à cette pratique, tout en plaidant la bonne foi de Steve Jobs.

L'antidatage des options d'achat d'actions, pratique courante dans les entreprises américaines car légale sous certaines conditions, est dans le collimateur des autorités boursières et de la justice depuis plusieurs mois. Elle permet aux détenteurs de options d'achat d'actions d'engranger un profit maximum le jour de l'exercice des options.

Le régulateur boursier SEC se penche actuellement sur cette pratique et mène des enquêtes sur 160 sociétés américaines à ce sujet, dont Apple. Plusieurs dizaines de dirigeants ont déjà démissionné à la suite de ces enquêtes.