Des milliards de dollars, et toujours peu de progrès, neuf ans plus tard, déplore Sheila Fraser dans son analyse des grands projets de technologie de l'information.

Des milliards de dollars, et toujours peu de progrès, neuf ans plus tard, déplore Sheila Fraser dans son analyse des grands projets de technologie de l'information.

Le fédéral a en effet investi environ 8,7 milliards $ depuis trois ans dans 90 grands projets de ce type, mais ne contrôle pas plus les résultats que lors d'une vérification identique, en 1997, a dit hier la vérificatrice générale du Canada.

«Malgré l'importance qu'ils revêtent pour les ministères, souligne Mme Fraser, les grands projets de TI ont connu des dépassements de budget, des retards, un rendement déficient, quand ce n'est pas l'abandon après de gros investissements».

Le gouvernement ne sait même pas pourquoi certains projets échouent alors que d'autres réussissent, dit-elle après avoir examiné sept de ces projets.

«Il est très inquiétant de voir que ces problèmes de longue date persistent, a dit Mme Fraser, parce qu'on rate des occasions d'améliorer les pratiques de gestion». Pire encore, le Conseil du Trésor a refusé de collaborer à cette vérification en refusant l'accès à la plupart des documents dont Mme Fraser aurait eu besoin, ce qui l'a empêché de terminer son travail.

«Nous n'avons pu évaluer la rigueur ou la qualité des analyses» du Conseil du Trésor, dit-elle, ce qui ne lui a pas interdit de démontrer que cinq des sept projets ne répondaient pas à ses critères de vérification.

Seuls les projets de Recensement en ligne de Statistique Canada et Mon dossier, de l'Agence du revenu, ont été gérés conformément aux normes habituelles.

Côté budget, les dépassements sont monnaie courante. Ainsi, cette même agence a révisé de 2,5 M$ à 147 M$ le budget d'un projet de recouvrement des recettes, et le projet est toujours en cours d'élaboration.

Aux Travaux publics, l'initiative du Gouvernement en direct a été multipliée par quatre, soit de 96 à 400 M$, mais elle a au moins le mérite de fonctionner.

Cinq des projets ont ainsi reçu le feu vert du gouvernement «même si leur analyse de rentabilisation était incomplète ou dépassée», tandis que quatre ont été entrepris par du personnel qui «n'avait pas l'expérience ou les compétences» pour les gérer.

Autrement dit, a précisé Mme Fraser devant les médias, «si on n'a pas les bonnes personnes avec les bonnes expertises», les projets risquent de coûter cher. Il faut s'organiser pour que l'analyse initiale soit valide, dit-elle en substance.