Le petit monde des échecs est en effervescence. Tout juste auréolé de son titre de champion du monde des échecs, le meilleur représentant des humains, le Russe Vladimir Kramnik, livre un combat plus épique encore : un duel contre la machine, en l'occurrence le fameux programme Deep Fritz.

Le petit monde des échecs est en effervescence. Tout juste auréolé de son titre de champion du monde des échecs, le meilleur représentant des humains, le Russe Vladimir Kramnik, livre un combat plus épique encore : un duel contre la machine, en l'occurrence le fameux programme Deep Fritz.

Kramnik est devenu champion du monde incontesté le mois dernier, lorsqu'il a battu le Bulgare Veselin Topalov lors d'un match réunifiant les deux fédérations d'échecs, divisées depuis 1993.

Cet affrontement est présenté par certains spécialistes comme l'une des dernières occasions pour l'homme de battre la machine. Il se déroule depuis samedi jusqu'au 5 décembre à Bonn, en Allemagne, pays d'origine de la société ChessBase, qui commercialise le logiciel Fritz. La première partie s'est soldée samedi par un nul.

Pour ce nouveau combat, ChessBase a mis au point un programme spécial, baptisé Deep Fritz, version améliorée de son meilleur logiciel commercial. Kramnik a ainsi en face de lui un ordinateur capable de calculer entre huit et 10 millions de positions à la seconde.

En 2002, Kramnik avait affronté une précédente version de Deep Fritz, dont la capacité de calcul était trois Le combat s'était soldé par un match nul (quatre points partout). Face à la progression rapide de la puissance informatique, les chances d'une victoire humaine paraissent donc chaque fois plus minces.

Pourtant, les pronostics des grands maîtres internationaux (GMI) divergent sur les chances de victoire de Kramnik. Alors que le GMI américain Yasser Seirawan prédit un triomphe de Fritz, son confrère australien Ian Rogers donne l'humain «légèrement favori», tout comme l'Américain Larry Christiansen, qui fait remarquer que «Kramnik a le style (de jeu) idéal pour appréhender un ordinateur».

Le GMI britannique David Levy se montre plus prudent: «Tout dépend de la forme de Kramnik. S'il est au sommet, il gagnera.»

En août, Kramnik avait lui-même évalué que ses chances de victoire étaient de 40 % à 50 %. Interrogé jeudi, deux jours avant son premier match contre Deep Fritz, le Russe n'a pas voulu se livrer au petit jeu des pronostics: «Je ne sais pas. Mon intention est juste de jouer chaque match l'un après l'autre et de voir ce qui se passe».

Kramnik a toutefois reconnu que, lors de sa préparation, il avait mis face à face la version 2006 de Deep Fritz et celle de 2002 et que le nouveau programme avait «tout simplement écrasé» le précédent.

Les optimistes qui croient aux chances humaines dans ce nouvel affrontement font remarquer que Kramnik a négocié un règlement assez favorable, destiné à compenser les faiblesses des êtres de chair et de sang, à commencer par la fatigue, que la machine ne ressent évidemment pas.

Ainsi, le match de Bonn se jouera en six parties, un jour sur deux. Au bout de six heures de jeu ou de 56 coups, Kramnik aura le droit d'ajourner une partie au lendemain.

Si la machine est réputée supérieure à l'homme sur le plan tactique (court terme) avec ses millions de coups calculés à la seconde, l'être humain excelle dans la stratégie à long terme. Mais, lors des combats officiels précédents, l'humain n'a jamais pu mettre à profit cet avantage pour battre l'ordinateur.

Kramnik empochera un million de dollars en cas de victoire et, tout de même, 500 000$ s'il perd...