Les gourous du marketing ne jurent que par le Web 2.0. Blogues, baladodiffusions, wikis, les applications de cette technologie sont aussi variées que leur nom est exotique.

Les gourous du marketing ne jurent que par le Web 2.0. Blogues, baladodiffusions, wikis, les applications de cette technologie sont aussi variées que leur nom est exotique.

Pour les entreprises, pas de salut sur Internet sans ces outils. Vraiment? Pourtant, les solutions les plus simples sont, encore aujourd'hui, les plus efficaces.

Mathieu Bernatchez est coordonnateur de l'organisme Étudiants bien branchés, dont la mission est de faire la promotion de l'utilisation des TIC (technologies de l'information et des communications), en offrant de la formation et du soutien technique.

Son constat: le Web 2.0 est surtout bon pour les agences de publicité qui désirent absolument vendre quelque chose à un client.

«Les flux RSS, les wikis, on ne sait pas trop ce que ça donne, dit-il. En tout cas, ça ne rapporte pas d'argent. En plus, il existe des formules plus simples qui peuvent connaître bien plus de succès.»

La simplicité volontaire

L'une des plus récentes oeuvres d'Étudiants bien branchés le démontre de façon admirable. Le site Jaide.ca, lancé au début d'octobre, vise à aider la Société canadienne de la sclérose en plaques. Mais ce n'est pas le blogue d'un éminent médecin, ni un site d'informations sur la maladie. C'est un raccourci vers le moteur de recherche Google où est affichée une bannière publicitaire. Chaque nouvel internaute qui voit la pub rapporte des sous à l'organisme de recherche. C'est tout.

D'une simplicité désarmante, et pourtant, ça marche: le créateur du site pense atteindre son objectif, qui est d'amasser 2000$ par mois, d'ici peu.

Le problème des entreprises désireuses de profiter d'une vitrine sur l'autoroute de l'information est qu'elles font souvent confiance à des informaticiens trop familiers avec la technologie. «Parfois, pour évaluer l'efficacité d'un outil Internet, c'est mieux de se fier à des gens normaux qu'à des gourous Internet», estime Mathieu Bernatchez. Selon lui, un bon truc peut être de demander à quelques néophytes d'accomplir une tâche précise, comme obtenir une information bien précise, et à voir s'ils y arrivent facilement. Dans cette optique, confier un blogue à son vice-président parce que c'est la mode n'aidera en rien l'efficacité du site.

«De toute façon, faire la même chose que tout le monde, ce n'est pas une très bonne occasion d'affaires», conclut le porte-parole d'Étudiants bien branchés.

Laisser parler les autres

Du côté des agences de marketing, on commence également à voir la fin de l'intérêt envers certains de ces outils, pourtant jugés révolutionnaires il y a quelques mois à peine. Si les premiers blogueurs étaient perçus comme ayant beaucoup d'influence dans leur univers respectif grâce à cet outil, cette image a bien changé.

«Aujourd'hui, le blogue a perdu beaucoup de son intérêt, surtout parce que sa fonction est mal comprise», admet Pacal Beauchesne, de l'agence de création Revolver 3.

Ce dernier croit que des formules plus traditionnelles méritent d'être remises à l'avant-scène.

Il cite en exemple le portail Amazon, qui malgré les changements de tendances, a conservé une approche qui, encore aujourd'hui, fonctionne mieux que toute autre. En informant les internautes sur les achats effectués par d'autres internautes recherchant le même type de produits, Amazon laisse les consommateurs faire son marketing à sa place. «Savoir ce que les autres achètent, c'est bien plus fort qu'une critique lue dans un journal», dit-il.

Mathieu Bernatchez est du même avis: laissez la communauté de blogueurs et d'internautes faire le travail à votre place. «Pour faire parler de ses produits, au lieu de lancer un blogue, c'est plus simple et moins coûteux d'utiliser les blogues déjà existants, ou de s'impliquer dans les forums des autres.»

Après tout, ce que les gourous appellent le Web 2.0 n'est qu'une autre façon de parler d'interaction entre les internautes et les entreprises qui ont une présence en ligne.

Et l'important n'est pas la façon dont on parvient à interagir, mais plutôt la qualité et la valeur de cet échange. «L'interaction est primordiale, mais la qualité et la véracité de son message le sont encore plus», conclut Pascal Beauchesne.