Haute définition : le sujet de l'heure pour ceux qui ont changé ou s'apprêtent à changer de téléviseur. Mais, en même temps, sans doute le sujet le plus mal compris, le plus mal interprété, le plus galvaudé du moment. Pourtant il va vite falloir apprendre l'ABC de cette technologie, car d'ici peu la télévision en haute définition (TVHD) va nous envahir.

Haute définition : le sujet de l'heure pour ceux qui ont changé ou s'apprêtent à changer de téléviseur. Mais, en même temps, sans doute le sujet le plus mal compris, le plus mal interprété, le plus galvaudé du moment. Pourtant il va vite falloir apprendre l'ABC de cette technologie, car d'ici peu la télévision en haute définition (TVHD) va nous envahir.

Les jours de la télévision analogique, vieille de plus de 60 ans, sont comptés. La migration vers la TVHD est plus qu'entamée aux États-Unis et, au Canada, les diffuseurs devront passer à la HD graduellement. Ce qui n'empêchera pas, qu'on se rassure, les récepteurs plus anciens de cohabiter avec la nouvelle venue.

Mais ces derniers temps ce ne sont que des écrans de type panneau, à ACL ou à plasma, qu'on vend presque partout, sauf dans les grandes surfaces, où on trouve encore des téléviseurs à tube, d'une qualité douteuse il faut l'admettre. Les grandes marques ont presque toutes cessé d'en fabriquer, et ils ne représentent plus qu'une infime part du marché.

C'est ici que commence le grand malentendu. Pour des raisons diverses - les principales relevant de la rareté de l'information ou du manque de curiosité - , plusieurs s'imaginent qu'en achetant un téléviseur HD, ils viennent automatiquement d'entrer dans le cercle de la haute définition. La déception est grande quand ils branchent leur super télé dans leur salon. À cause des capacités d'affichage supérieures de l'appareil, le signal habituel est moins beau que sur la vieille télé à tube. Et comme on est toujours à l'ère de l'analogique, certains n'hésitent pas à crier à l'arnaque.

Une autre croyance cause également bien des désenchantements. Pour plusieurs, en effet, la réception en numérique (qu'elle vienne d'un fournisseur par satellite ou par câble) est synonyme de haute définition. Ce qui est loin d'être le cas. Les diffuseurs transmettent un signal supérieur à celui de la génération précédente, haute définition comprise, mais pour profiter de celle-ci, il faut des conditions et des équipements spécifiques.

Premier élément

D'abord, vérité de La Palice, il faut un téléviseur capable de reproduire la haute définition. Il en existe depuis plusieurs années, et les générations précédentes étaient dites HD Ready. C'étaient des appareils à tube écran plat ou les premiers paneaux ACL (LCD, ou Liquid Crystal Display) et à plasma. Ils avaient un syntonisateur analogique standard, ce n'est qu'un peu plus tard que sont apparus les télés à récepteur HD, très onéreux au début.

Les nouveaux panneaux sont maintenant tous HD, la solution intermédiaire, le téléviseur ED (une résolution intermédiaire, entre le tube et la HD), étant elle aussi en train de disparaître. Les plus récents plasma haut de gamme sont capables d'afficher ce qu'on appelle la pleine HD, une résolution de 1920x1080 lignes pour un maximum de plus de deux millions de pixels. Ce qui a toujours été le cas avec les «dalles» ACL.

Des appareils conçus pour carburer au super et qu'on alimente avec de l'ordinaire, souvent dilué...

L'aventure ne fait que commencer. La semaine prochaine, on verra que tout ce qui est numérique n'est pas HD et que tout ce qui est HD, souvent, ne l'est pas vraiment comme on s'y attend.

L'ABC de la HD (4): le grand jeu de patience

Michel Truchon

Un autre désenchantement a frappé cette semaine ceux qui attendent impatiemment le passage à la haute définition au Canada pour enfin pouvoir être débarrassés de ces images souvent délavées et floues que sont devenues les émissions analogiques reproduites sur les nouveaux téléviseurs numériques.

Les audiences du CRTC à Gatineau ont permis de confirmer que chez nous, à l'exception de Radio-Canada, les autres diffuseurs ne sont pas pressés d'investir dans cette aventure qui leur coûtera gros et leur rapportera peu.

Le président et chef de direction de TVA, Pierre Dion, a jeté une douche froide sur les ardeurs des amateurs de HD en disant souhaiter que l'échéance soit retardée le plus longtemps possible, espérant ainsi que les coûts diminuent. Dans le mémoire déposé auprès du CRTC, certains groupes ont proposé la date butoir du 31 août 2011, soit deux ans après celle prévue aux États-Unis.

Étant donné que les téléviseurs analogiques à tube écran sont en voie de disparition et que la majorité des appareils vendus cet hiver sont des panneaux ACL ou plasma, les utilisateurs devront donc apprendre à vivre avec un signal largement inférieur à ce que leur nouveau téléviseur peut reproduire. Mais si l'image est moins belle que ce à quoi on s'attendait, cela ne signifie pas qu'il n'y a pas de moyens de l'améliorer pour qu'elle soit au moins potable.

Mon expert-conseil de Montréal, Jean-François Dubé, ingénieur en génie électrique et fin connaisseur de haute définition, qui me guide depuis les débuts de cette série sur la HD, croit que même si on ne peut améliorer le signal du câble ou du satellite, certains ajustements du téléviseur sont possibles.

Pour ce faire, les consommateurs peuvent se tourner vers divers DVD d'étalonnage conçus pour les gens possédant peu d'expérience technique. Le DVD Avia et Digital Video Essentials sont deux bons exemples d'outils pratiques de calibration. Ils permettent d'ajuster les niveaux de blanc, de noir, la couleur, la teinte et la netteté, afin que l'image soit optimale. Une calibration ISF (réalisée par des professionnels avec les outils nécessaires tels des comparateurs optiques et des colorimètres) peut également tirer le maximum d'un téléviseur onéreux.

Une autre solution, croit J.-F. Dubé, est d'utiliser le meilleur type de branchement possible : le S-Video sera meilleur que le composite, et le composant/HDMI sera mieux que le S-Video. Dans certains cas, par contre, un branchement composite ou S-Video à un téléviseur HD donnera de meilleurs résultats qu'en composant ou en HDMI, car les signaux qui transitent par la prise composite, par exemple, passent à travers un filtre en peigne ou 3D dans le téléviseur, ce qui peut améliorer - dans certains cas - l'image. C'est en faisant des tests qu'on trouve la meilleure combinaison.

»La qualité elle-même des câbles a une certaine importance, mais il ne faut pas verser dans l'exagération. Je ne conseille jamais à mes amis et collègues d'acheter des câbles trop coûteux, car la différence sur la qualité de l'image n'est pas notable. Il s'agit de trouver un ou des bons câbles blindés pour prévenir l'interférence externe, couplés à des connecteurs de bonne qualité.»

Aussi:

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