L'accès à la technologie représente un plus pour les créateurs. Mais l'abondance qu'il permet risque aussi de mener tout droit à l'embouteillage

L'accès à la technologie représente un plus pour les créateurs. Mais l'abondance qu'il permet risque aussi de mener tout droit à l'embouteillage

Caméras numériques, Internet, format mp3, DVD, imprimerie à faible coût. Autant d'outils devenus de plus en plus accessibles pour quiconque veut s'improviser musicien, vidéaste ou photographe. L'accès à la technologie représente un plus pour les créateurs. Mais l'abondance qu'il permet risque aussi de mener tout droit à l'embouteillage. Bienvenue dans cette nouvelle ère du «do it yourself» où on retrouve le meilleur. Comme le pire.

Le phénomène n'est pas nouveau : les musiciens autodidactes avec leur 4-tracks, les écrivains de cafés ou les cinéastes amateurs existent depuis longtemps. L'évolution technologique des dernières années permet à chacun de créer des oeuvres avec du matériel abordable, il est surtout beaucoup plus facile de les diffuser. L'explosion récente du site Web MySpace.com, où plus de 100 millions de membres partagent musique, écrits et photos, est un exemple probant de l'expression personnelle et artistique dans le Net.

Et que dire de la popularité du site YouTube.com, pour lequel le géant Google vient de payer la rondelette somme de 1,6 milliard $ US. Fondé en 2005 seulement, YouTube permet à tous de montrer leurs vidéos à la planète entière. Entre le film des dernières vacances dans le Sud et des vidéoclips ou des chorégraphies parfois affligeantes, on retrouve aussi des courts-métrages démontrant une volonté artistique. Dans YouTube, tous s'expriment, se montrent, se diffusent. Broadcast yourself, dit le slogan du site. Des millions de personnes l'ont entendu. Je créé donc je suis, en somme.

«L'accessibilité en soi est une bonne chose, soutient André Caron, coordonnateur du département de cinéma du Collège François-Xavier-Garneau, enseignant et critique à Médiafilm. Mais attention, prévient-il, la frénésie actuelle risque aussi de créer une saturation, voire un nivelage par le bas lorsque vient de le temps de juger de la qualité d'une oeuvre.»

Mais pour plusieurs créateurs, l'accès à ces outils représente une véritable démocratisation de l'art. Ils s'en servent pour faire à leur manière, bien loin des réseaux traditionnels de diffusion. Dernière illustration en date du phénomène : la galerie l'oeil de poisson présente dès ce soir le premier Festival de musique maison.

Au programme : des musiciens si autodidactes que certains ne pensaient même jamais se retrouver devant un public !