Le groupe Hewlett-Packard, secoué par un scandale d'espionnage depuis près d'un mois, a subi l'apogée de la crise la semaine dernière mais sans que cela affecte le cours de l'action, signe que les marchés gardent leur confiance au PDG Mark Hurd.

Le groupe Hewlett-Packard, secoué par un scandale d'espionnage depuis près d'un mois, a subi l'apogée de la crise la semaine dernière mais sans que cela affecte le cours de l'action, signe que les marchés gardent leur confiance au PDG Mark Hurd.

Alors que les principaux dirigeants et ex-dirigeants de HP se sont fait malmener au Congrès, l'action du groupe a terminé vendredi sur un gain de 6,6% sur la semaine, retrouvant ses niveaux du 1er septembre, avant que le scandale n'éclate.

Pour les marchés, le pire semble passé maintenant que M. Hurd et l'ex-présidente du Conseil d'administration du groupe, Patricia Dunn, ont été contraints d'expliquer à une commission parlementaire scandalisée comment HP a espionné ses administrateurs et des journalistes, en obtenant frauduleusement leurs relevés téléphoniques personnels et en piégeant leurs courriels.

Le PDG a reconnu sa responsabilité de principe, tout en clamant n'avoir pas été au courant de pratiques illégales, attitude qui a convaincu les analystes qu'il ne démissionnera pas et que l'artisan du redémarrage du groupe depuis 18 mois restera aux commandes.

«Le témoignage de M. Hurd était crédible et il pourra calmer l'orage», a estimé la société de Bourse Baird dans une note vendredi. «Nous nous attendons encore à du bruit médiatique ces prochaines semaines, mais pas à un prolongement de l'affaire dans les medias ni au Congrès, car aucun investisseur n'a perdu de l'argent et aucun patron ne s'est enrichi», souligne la note.

«Les clients de HP de modifient pas leurs intentions d'achat», ajoute Baird, pour qui «le fait que ce scandale intervienne sous une nouvelle direction est extrêmement positif pour HP dans l'affaire».

Le maintien de M. Hurd à la tête de HP est un élément clé pour rassurer les marchés. Car depuis son arrivée à la tête du groupe fin mars 2005, l'action a augmenté de plus de 70%. Le chiffre d'affaires a progressé et devrait avoisiner pour l'année 21,8 milliards de dollars, et les marges bénéficiaires ont été accrues.

Fraîchement arrivé, M. Hurd n'a en effet pas hésité à annoncer un plan de 14 500 réductions d'emplois, soit 10% des effectifs mondiaux du groupe, mais aussi renforcé la force de vente. Une stratégie qui a fait redémarrer un groupe qui depuis des mois perdait du terrain face à ses concurrents, IBM et Dell, ce dernier ayant été détrôné par HP dans le marché des ordinateurs personnels.

Les ennuis se sont d'ailleurs succédé pour Dell depuis quelques mois. Après avoir vu son bénéfice net au 2e trimestre chuter de moitié, à 502 millions de dollars, il a annoncé être l'objet d'une enquête de la Commission des opérations en bourse américaine (SEC) sur d'éventuelles irrégularités comptables.

Il est maintenant menacé d'un retrait de la cote par le Nasdaq pour avoir reporté la publication formelle de ses résultats du 2e trimestre, à cause de cette enquête, qui s'est doublée d'une procédure judiciaire ouverte par un tribunal new-yorkais sur les résultats du groupe publiés depuis 2002.

De son côté, et malgré le scandale, HP a annoncé vendredi plusieurs opérations de développement, dont le rachat de Voodoo, fabricant d'ordinateurs haut de gamme destinés aux jeux vidéo, ainsi qu'un accord avec le groupe Yahoo! qui fera de ce moteur de recherche la page d'accueil par défaut des ordinateurs grand public de HP vendus en Europe.

Le rachat de Voodoo a été salué par Merrill Lynch vendredi, qui dans une note a souligné qu'il s'agissait d'une «niche en progression, peu élastique aux prix», même si le chiffre d'affaires de Voodoo est estimé à moins de 10 millions de dollars. «Cette acquisition est cohérente et accroît la gamme d'ordinateurs déjà large de HP», a renchéri Baird.