Après dix ans de bataille antitrust tant aux États-Unis qu'en Europe ou en Corée du Sud, Microsoft entame un nouveau bras de fer avec la Commission européenne sur Vista, dernière version de son système d'exploitation vedette Windows.

Après dix ans de bataille antitrust tant aux États-Unis qu'en Europe ou en Corée du Sud, Microsoft entame un nouveau bras de fer avec la Commission européenne sur Vista, dernière version de son système d'exploitation vedette Windows.

Si Microsoft a écopé en mars 2004 d'une condamnation pour abus de position dominante et d'une amende d'un demi-milliard d'euros, il est difficile de savoir aujourd'hui quelle sera l'issue de cette nouvelle bataille, basée pourtant sur le même type d'arguments.

Du côté de chez Microsoft, on assure avoir tiré les leçons du passé. «2007 marquera le dixième anniversaire des premières accusations antitrust portées contre Microsoft aux États-Unis», a rappelé mardi devant quelques journalistes le chef de file des avocats du groupe en Europe, Erich Andersen.

«Et nous pensons avoir appris beaucoup durant ces dix années», a-t-il ajouté.

Selon lui, Microsoft, dont le système d'exploitation équipe 9 ordinateurs sur 10, «reconnaît avoir une responsabilité particulière à la fois pour faire progresser l'innovation et pour préserver la concurrence».

En outre, a poursuivi l'avocat, «une seconde leçon que nous avons apprise, c'est que les gens ont de hautes attentes non seulement vis-à-vis de ce que nous faisons mais également de comment nous le faisons».

Microsoft, dit-il, doit convaincre qu'elle est une entreprise «de principes», qui travaille de manière «constructive» avec les gouvernements et l'industrie pour élaborer ses nouveaux produits.

Si Microsoft assure avoir gagné «une bonne dose d'humilité», cela ne l'a pas empêché mardi d'épingler une nouvelle fois la commissaire européenne à la Concurrence, Neelie Kroes, sur la façon dont elle traite le dossier Vista.

En mars, Neelie Kroes avait prévenu Microsoft qu'il ne pourrait commercialiser Vista en Europe si de nouveaux programmes, comme des logiciels de protection informatique, étaient préinstallés et vendus automatiquement avec le système d'exploitation.

Bruxelles craint que ces ventes groupées, au coeur de la stratégie commerciale de Microsoft, n'éliminent les concurrents qui commercialisent des logiciels similaires.

Vista, qui sera commercialisé début 2007, ne comprendra aucun anti-virus avec le sigle Microsoft. En revanche seront tout de même préinstallés un pare-feu ainsi qu'un anti-logiciels espions.

«La sécurité est une priorité pour les consommateurs européens et nous espérons que la Commission n'exigera pas le retrait en Europe de ces outils importants», a déclaré mardi Erich Andersen, souhaitant lancer Windows Vista «de manière totalement légale».

Du côté de la Commission, c'est l'exaspération qui pointe. Déjà, jeudi, Microsoft s'était plaint des lenteurs de Bruxelles, qui selon lui tarde à l'informer des changements éventuels à opérer dans Vista.

Jonathan Todd, porte-parole de Neelie Kroes, avait alors rappelé que «ce n'est pas à la Commission de donner un feu vert définitif avant la mise sur le marché de Vista», mais à l'américain «d'assumer ses responsabilités de groupe quasi-monopolistique» et de s'assurer qu'il n'abuse pas de sa position dominante.

Pour Microsoft, une telle réponse est loin d'être satisfaisante. «C'est comme si on nous disait de respecter la limitation de vitesse, sans nous dire quelle est la limite! Alors que doit-on faire: s'arrêter ou continuer à rouler et risquer une amende?...», s'interroge-t-on chez l'éditeur de logiciels.

Mardi, M. Todd a assuré que «la Commission comprenait le désir de Microsoft de rendre Vista plus sûr». Cependant, a-t-il relevé, «la sécurité informatique dépend de la diversité et de l'innovation dans le secteur des logiciels».

Or, a-t-il poursuivi, «une telle diversité et une telle innovation pourraient être menacées si Microsoft était autorisé à exclure ses concurrents des marchés des logiciels de sécurité, en intégrant ses propres logiciels à son système d'exploitation dominant».