Les casinos virtuels font fondre les profits de la société d'État.

Les casinos virtuels font fondre les profits de la société d'État.

La popularité grandissante des jeux de loterie et de casino par Internet et l'entrée en force de la loi antitabac dans les bars font mal à Loto-Québec, dont les profits ont chuté de 8 % depuis le 1er avril.

Les données obtenues par Le Soleil démontrent qu'autant le secteur des billets de loterie (- 2,5 %), des appareils de loterie vidéo (- 6,3 %) et des tables de jeux des trois casinos québécois (- 3,7 %) génère moins de revenus. Conséquence : le bénéfice net de la société d'État est en baisse de 32 millions $.

À ce rythme, Loto-Québec pourrait engranger 120 millions $ de moins en profits cette année. L'an dernier, la société d'État a déclaré un bénéfice net de 1,6 milliard $.

Chez Loto-Québec, on explique que la maturité du marché des loteries se confirme en sol québécois. D'autant plus que l'entrée en vigueur le 31 mai de la loi interdisant l'usage du tabac dans les bars a eu ses effets. «On constate une transition dans le comportement de notre clientèle», a indiqué hier le porte-parole Jean-Pierre Roy.

En juin, les 13 516 appareils de loterie vidéo (AVL) - qui représentent 30 % des profits de Loto-Québec - ont ainsi vu leurs revenus se replier de 16 %. Une première en trois ans. Les AVL avaient vu leur chiffre d'affaires croître de 5 % l'an dernier et de 9,6 % en 2003-2004.

Question de voir plus clair, Loto-Québec dit avoir commandé une étude sur le comportement des joueurs tout en gardant espoir que le retour du temps froid leur fera réintégrer les salons de jeux.

La société d'État reconnaît toutefois que la concurrence nord-américaine dans le secteur des casinos se fait sentir. Plusieurs casinos ont augmenté considérablement leur offre de jeu ces derniers temps en Ontario et dans le nord-est des États-Unis. Résultat : les casinos de Montréal et de Lac-Leamy sont en perte de vitesse.

Mais la direction de Loto-Québec s'inquiète surtout de la prolifération des casinos en ligne, dont les revenus ne cessent de grandir, tout comme le nombre d'adeptes. «Il n'y a pas péril en la demeure, mais on suit de près la situation», a fait valoir M. Roy.

Du côté des propriétaires de bar, on constate que les adeptes de loterie vidéo n'ont jamais eu autant l'embarras du choix par les temps qui courent. «Les gens qui ne viennent plus dans nos établissements ont d'autres options comme les casinos virtuels, c'est préoccupant», a expliqué Renaud Poulin, président de l'Association des propriétaires de bar.

Pour l'heure, Loto-Québec dit ne pas avoir l'intention de se lancer dans le secteur des casinos en ligne. «Ce n'est pas dans nos cartons», a précisé M. Roy.

Le phénomène représenterait 4 % de l'ensemble de la loterie légale dans le monde, mais il est appelé à connaître une croissance exponentielle au cours des prochaines années. Si plusieurs analystes financiers entrevoient une croissance annuelle composée de 5 % du segment du jeu classique d'ici 2010, le segment du jeu en ligne devrait afficher une croissance de 22 % durant la même période.

La firme de courtage Christiansen Capital Advisor estime par ailleurs à 8 milliards $US le marché embryonnaire du pari virtuel. En 2010, ce même marché devrait générer des revenus de 18 milliards $US.