Le dossier technologique dans son porte-documents, Vincente Fox, président du Mexique, rendait visite en mai dernier au gouverneur de la Californie, Arnold Schwarzenegger.

Le dossier technologique dans son porte-documents, Vincente Fox, président du Mexique, rendait visite en mai dernier au gouverneur de la Californie, Arnold Schwarzenegger.

Dans son cortège figuraient quelques représentants du spécialiste en démarrage de PME de haute technologie, le groupe Inno-centre, de Montréal, son nouveau partenaire en sol québécois.

«Par cette offensive, le Mexique veut inscrire son nom en grosses lettres sur la liste des pays innovateurs, au moment où tous les yeux sont tournés vers l'Inde et la Chine», dit Manuel Sandoval Rio, le grand patron de TechBA-Montréal, un accélérateur d'affaires internationaux implanté dans la métropole québécoise depuis peu.

En juin dernier, le gouvernement du Mexique a en effet conclu un partenariat avec Inno-centre, une organisation québécoise qui compte 20 ans d'expérience dan l'incubation de PME, pour encadrer et soutenir TechBA-Montréal.

Le Mexique a implanté des grappes d'innovation dans de nombreux domaines de la technologie. Cet essor a été alimenté par l'Accord de libre-échange nord-américain (ALENA), les efforts du gouvernement mexicain et le vaste réservoir de main-d'oeuvre qualifiée et non qualifiée (de ce pays).»

Démarré en 2005, le nouveau programme high tech du gouvernement mexicain vise à soutenir des entreprises technologiques nationales de haut niveau- avec un chiffre d'affaires de 500 000 $ ou plus- qui présentent un potentiel de commercialisation mondiale.

Dans le cadre de ce programme, les représentants de 10 entreprises mexicaines viennent tout juste de débarquer à Montréal et suivent actuellement une formation sur le b.a.-ba des affaires en Amérique du Nord. Ils s'installeront officiellement dans leur incubateur, situé au 550 Sherbrooke Ouest, au début de septembre.

«Ces entreprises ont passé à travers un processus de sélection rigoureux et ont été choisies en fonction des créneaux technologiques qui prédominent dans la région métropolitaine de Montréal, explique M. Sandoval Rio. Leur expertise est variée: services technologiques, logiciels, cartes intelligentes, biotechnologies, etc.»

Le gouvernement mexicain a débloqué une enveloppe d'un million de dollars pour les soutenir pendant un an, mais elles devront voler de leurs propres ailes par la suite. Pourquoi Montréal? En partie grâce à l'intervention de Monique Gagnon-Tremblay, ministre des Relations internationales, qui a tendu la perche au gouvernement mexicain, lors d'une visite dans ce pays en 2005. C'est à ce moment que la ministre a appris l'existence du programme. Sans tarder, son ministère a fait valoir tous les avantages de la métropole québécoise.

Montréal est une porte d'entrée au Canada et vers le nord-est des États-Unis, en plus d'être un centre névralgique dans le domaine du multimédia et des biotechnologies.

Conquis, le ministère de l'Économie du Mexique et la United States-Mexico Foundation for Science (FUMEC), les responsables du programme high-tech, ont passé en revue les différents incubateurs de la métropole pour finalement arrêter leur choix sur Inno-centre.

«Inno-centre est un partenaire de choix, dit Alain Thibault, chef de l'exploitation de TechBA-Montréal. En plus de fournir les locaux, il offre des services d'accompagnement, ainsi qu'un accès aux ressources (marketing, finance et gestion) et aux compétences technologiques des écosystèmes d'entreprenariat établis.»

Montréal n'est pas la seule la ville étrangère à abriter un accélérateur d'affaires internationaux. Houston, au Texas, et San José, dans Silicon Valley, deux villes reconnues à la fois pour leur caractère hispanique et leurs activités de haute technologie, en sont à leur deuxième génération d'entreprises en incubation. À l'heure actuelle, le programme mexicain compte une cinquantaine d'entreprises technologiques dans son pipeline; celles-ci récoltent déjà des gains appréciables, qui se comptabilisent en transferts de connaissances et revenus.

Le gouvernement mexicain a injecté environ 5 millions de dollars jusqu'à présent dans ce programme, et il compte ouvrir un quatrième accélérateur d'affaires international à Madrid, en octobre prochain, afin de s'attaquer au marché européen.

De plus, les responsables du programme haute technologie se sont donné l'objectif de renforcer les interactions entre les entreprises participantes en créant des alliances stratégiques, qui contribueront à offrir de nouvelles occasions d'affaires.

À peine lancé, ce modèle de développement made in Mexico reçoit déjà les éloges des personnes mêlées de près ou de loin à ce projet.

«Ce programme est excellent, opine M. Thibault. Il limite le risque des entreprises technologiques qui en sont à leur première expérience en sol étranger, tout en leur donnant accès à toutes les ressources essentielles à leur réussite. Plusieurs pays, dont le Canada, auraient avantage à s'en inspirer.»

Placés aux premières loges, les responsables d'Inno-centre ont bien perçu ces avantages, si bien qu'ils songent maintenant à faire des représentations auprès des gouvernements canadien et québécois afin de mettre de l'avant une formule similaire.

«Il n'y a rien de tel pour une entreprise que d'être sur place et intégrée à une organisation, dit Claude Martel, président d'Inno-centre. Le démarchage des marchés étrangers au Canada repose sur les missions commerciales, qui sont une formule beaucoup moins efficace.»

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