Lorsqu'ils jettent un coup d'oeil sur l'écran d'ordinateur de leurs enfants, des parents sont souvent horrifiés par ce qu'ils peuvent y lire. Le langage «texto» des ados - utilisé surtout pour clavarder - représente-t-il une menace pour le français écrit ?

Lorsqu'ils jettent un coup d'oeil sur l'écran d'ordinateur de leurs enfants, des parents sont souvent horrifiés par ce qu'ils peuvent y lire. Le langage «texto» des ados - utilisé surtout pour clavarder - représente-t-il une menace pour le français écrit ?

Les adolescents font assez facilement la différence entre quelques lignes écrites sur MSN et la rédaction d'un texte à remettre en classe, estime Valérie Lessard, professeure de français de troisième et quatrième secondaire à l'école de la Seigneurie, à Beauport.

«Ce sont deux façons d'écrire différentes pour eux, dit-elle. Lorsqu'un travail est fait plus rapidement ou que l'élève est distrait, il peut y avoir des mots écrits en texto qui apparaissent, mais en règle générale, ça va.»

Un de ses collègues, Denis Mignault, partage son avis. Enseignant le français au secondaire depuis une dizaine d'années, il n'est pas prêt à accuser l'ordinateur pour la piètre qualité du français de certains élèves.

Ces enseignants déplorent toutefois le fait que des jeunes ont maintenant beaucoup plus de difficulté avec l'écriture manuscrite et qu'il est beaucoup plus facile de «copier-coller» des paragraphes tirés d'Internet dans des dissertations.

Plusieurs élèves s'en remettent aussi au correcteur automatique, intégré au logiciel de traitement de texte. «L'idéal serait un correcteur de français qui ne donne pas tout cuit dans le bec», laisse tomber Denis Mignault.

Mireille Guay, directrice de l'Institut Saint-Joseph - une école privée de Québec qui a pris le virage technologique - ne partage pas cet avis. «Dans le futur, ce sera la facilité à utiliser intelligemment cet outil qui va compter», dit-elle.

Dans la classe de Nancy

Dans la classe de Nancy Ouellet, enseignante de cinquième année à l'école Val-Joli de Val-Bélair, tous les élèves de la classe ont un ordinateur portable. Les enfants sont toutefois obligés d'écrire leur brouillon à la main, indique Mme Ouellet. «Il faut qu'ils réfléchissent par eux-mêmes aux accords de verbe et à l'orthographe«, dit l'enseignante.

Même les élèves apprécient cette méthode. «Sinon, l'ordinateur nous dit quoi faire et ça aurait été catastrophique pour nos fautes !» lance Chloé, une des élèves de Mme Ouellet.

Des avantages

Une récente recherche, dont les résultats détaillés seront publiés sous peu, démontre pourtant le contraire.

Pendant quatre ans, une équipe de chercheurs de l'Université Laval s'est infiltrée dans des écoles secondaires de la région. Un des objectifs était d'évaluer les performances en français des élèves qui utilisent chaque jour l'ordinateur portable en classe, comparé à un groupe d'étudiants régulier.

Résultats : les élèves «branchés» ne font pas plus d'erreurs d'ortographe que les autres élèves, lorsqu'on compare les copies des deux groupes. Les textes rédigés au clavier sont aussi plus longs.

En observant les attitudes des adolescents dans les cours de français, les chercheurs concluent que l'utilisation de l'ordinateur en classe favorise le travail d'équipe et la motivation, tout en développant leur habileté à rédiger des textes.

Le défi consiste maintenant à les amener à développer un regard critique face aux informations qui foisonnent dans la Toile, estime de son côté Valérie Lessard. «Et il reste beaucoup de travail à faire de ce côté !»

DOSSIER: Les jeunes branchés:

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