Des chercheurs de l'Alberta ont entrepris de mettre au point un ordinateur capable de jouer au poker, mais tout indique qu'il faudra du temps avant qu'une telle machine ait le dessus sur le meilleur des humains.

Des chercheurs de l'Alberta ont entrepris de mettre au point un ordinateur capable de jouer au poker, mais tout indique qu'il faudra du temps avant qu'une telle machine ait le dessus sur le meilleur des humains.

Le problème, c'est que les programmeurs et les scientifiques ont du mal à écrire un logiciel qui peut mener une machine à prendre des décisions sur des informations incomplètes ou fausses, explique Jonathan Schaeffer, spécialiste de la recherche sur l'intelligence artificielle à l'Université de l'Alberta.

«Il semble que les qualités qui font d'un être humain un joueur de poker hors pair sont difficilement intégrables dans un programme d'ordinateur. Ces machines ne sont pas de bons élèves en matière de raisonnement et d'analogie.»

Malgré tout, une équipe de scientifiques, incluant M. Schaeffer, a créé Hyperborean, un ordinateur de poker qui a récemment vaincu tous ses adversaires lors de deux tournois de poker organisés par l'Association américaine d'intelligence artificielle. Il faut dire que ses adversaires étaient d'autres ordinateurs.

Dans le premier tournoi, quatre ordinateurs ont joué pas moins de 40 000 mains chacun l'un contre l'autre. Chaque ordinateur avait sept secondes pour prendre une décision. Dans le deuxième tournoi, impliquant 12 000 mains de poker, les ordinateurs avaient 60 secondes pour prendre une décision. Au total, c'est donc plus de 250 000 mains de poker qui ont été jouées.

Selon Michael Bowling, directeur du groupe qui a mis au point Hyperborean, il ne s'agissait pas seulement d'amuser la galerie.

«Le poker est l'un des plus gros défi en matière d'intelligence artificielle, et l'incertitude qui fait partie du jeu est le plus important problème à résoudre». M. Bowling ajoute que le logiciel mis au point par l'Université de l'Alberta a permis à Hyperborean de «s'inspirer» des jeux des autres ordinateurs pour «déduire» leur stratégie.

«Toutes ces techniques et principes sur lesquels nous nous appuyons pour mettre au point un ordinateur capable de jouer au poker pourront éventuellement être appliquées à d'autres secteurs dans le domaine de l'intelligence artificielle», explique-t-il.

«Dans le cas des échecs, c'est possible d'écrire un logiciel contenant toutes les informations possibles, indique M. Schaeffer. Mais dans le vrai monde, nous disposons rarement de toutes les informations nécessaires. Au bout du compte, nous allons en apprendre plus sur l'intelligence artificielle dans nos recherches sur le poker que nous en avons appris avec les échecs.»