Google a transformé l'ordinateur personnel en machine abrutie qui ne sait que faire rouler un fureteur, affirme l'étoile montante du monde informatique, Ray Ozzie.

Google a transformé l'ordinateur personnel en machine abrutie qui ne sait que faire rouler un fureteur, affirme l'étoile montante du monde informatique, Ray Ozzie.

Rapidement devenu le numéro 3 de Microsoft, aux côtés des légendaires Bill Gates et Steve Ballmer, M. Ozzie veut convaincre les entreprises de ce monde qu'il y a plus, sur Internet, que le Web.

Sur la Toile, des transformations si radicales sont survenues au cours des deux dernières années qu'on a surnommé les applications survivantes- comme les blogues, les flux RSS et les balados- le «Web 2.0». Google a largement profité de la nouvelle vague, un succès qui commence à faire peur à Microsoft. D'où la flèche empoisonnée lancée par Ray Ozzie.

L'homme destiné à remplacer sous peu Bill Gates utilise aussi cette boutade pour illustrer qu'il y a d'autres façons d'utiliser Internet. «Dans cinq ans, le réseau sera divisé en trois: le Web, les applications branchées et les serveurs.»

Pour lui, il s'agit littéralement d'une «rupture technologique». Pour Microsoft, le pari est risqué puisque la multinationale a complètement revampé sa suite bureautique Office et le système d'exploitation Windows autour de ces trois facettes du grand réseau.

Les entreprises d'abord

C'est seulement la seconde fois de son histoire que la multinationale de Redmond (Washington), procède en même temps au remaniement complet d'Office et de Windows. Il faut remonter à 1995 pour retrouver pareilles circonstances.

Cette fois encore, le lancement est crucial. Il s'agit, après tout, des deux applications les plus importantes pour Microsoft. Surtout la suite Office 2007, qui sera en vente au Canada dès cet automne. Elle sera déclinée en différentes versions, selon qu'elle s'adresse à l'étudiant, à la famille, à la PME ou à la multinationale. Ce sont surtout ces deux dernières qui profiteront le plus du volet branché de la suite bureautique.

Pour le particulier, les logiciels de base- Word, Excel, PowerPoint et Outlook Express- ont très peu de nouvelles fonctions utilisant Internet. Le traitement de texte Word, par exemple, peut être utilisé comme un créateur d'entrées pour un blogue, mais c'est à peu près tout.

Ce sont les applications SharePoint et Excel Server, des suites pour entreprises, qui incarnent le nouvel Internet de Ray Ozzie. SharePoint est un logiciel de partage de documents et de suivi des tâches qui met en réseau les employés d'une entreprise.

Comme son nom l'indique, Excel Server est un tableur mis en réseau. Il permet d'afficher et de modifier à distance des feuilles de calcul Excel emmagasinées sur le serveur de l'entreprise.

Excel Server donne aussi accès à ces feuilles de calcul à partir d'un fureteur. C'est un service Web qui s'ajoute au serveur de base. Avec SharePoint dans le rôle de l'application branchée, ce sont là les trois façons d'utiliser Internet dont rêve Microsoft.

L'ubiquité de la Toile

S'il est important pour Microsoft de réduire les services Web à une part négligeable du tout Internet, c'est qu'elle doit y affronter sa plus féroce concurrence: Google. Avec des services comme Google Spreadsheets et Writely, un tableur et un traitement de texte en ligne, Google joue directement dans les plates-bandes de Microsoft.

Selon Eric Schmidt, président de Google, ce n'est pas un affront direct, mais un effet de «l'ubiquité des services» permise par l'omniprésence de la Toile. Google ne cherche pas à vendre des logiciels, puisque les internautes y ont accès gratuitement, mais à fournir des services en ligne accessibles d'à peu près partout, pour y vendre la publicité.

L'idée est de détacher les applications d'une base matérielle, c'est-à-dire du disque dur d'un poste de travail, de sorte que l'on puisse y accéder de toutes les façons: PC, téléphone, etc. Évidemment, cela inclut des services couvrant la gamme Microsoft.

«Oui, ce sera une nouvelle ère pour les services Web», admet Ray Ozzie, «mais ce sera aussi une nouvelle ère pour toute l'industrie du logiciel, qui sera menée par l'ensemble des services Internet, pas juste la Toile.»

Bref, dans la définition d'Internet de demain, le dernier mot reviendra à l'industrie des logiciels.

Mais à ce jeu-là, tant Microsoft que Google sont de très, très gros joueurs. L'un par son degré d'influence, l'autre par l'intétêt que suscitent ses produits, aussi abrutissants soient-ils aux yeux de M. Ozzie...