Qu'on soit en faveur ou pas du protocole de Kyoto ou du Partenariat Asie-Pacifique sur le climat, force est d'admettre que les nouvelles technologies sont promises à un bel avenir. Car si le rôle du Canada semble plus qu'incertain face aux changements climatiques, celui des technologies visant à les réduire, ou à s'y adapter, ne fait pas de doute.

Qu'on soit en faveur ou pas du protocole de Kyoto ou du Partenariat Asie-Pacifique sur le climat, force est d'admettre que les nouvelles technologies sont promises à un bel avenir. Car si le rôle du Canada semble plus qu'incertain face aux changements climatiques, celui des technologies visant à les réduire, ou à s'y adapter, ne fait pas de doute.

L'ex-président américain Bill Clinton est venu à Montréal, plus tôt cette année, déplorer le fait que les grands décideurs économiques préfèrent investir dans des secteurs plus conservateurs, comme le pétrole, parce qu'ils ont déjà fait leurs preuves par le passé.

Ce n'est pas l'opinion du secrétaire de l'Agence californienne de protection environnementale, Allan Lloyd. « Les technologies qui réduisent les émissions de gaz à effet de serre (GES) sont de plus en plus sollicitées sur le marché mondial», dit-il. Selon lui, «les entreprises qui investissent dans ces technologies sont bien placées pour profiter de cette demande».

Contexte favorable

M. Lloyd affirmait cela au moment où la Californie se dotait d'un plan d'action afin de réduire ses émissions de GES à un niveau égal à celui de 1990 d'ici 2020, et à un niveau 80 % moins élevé que ce dernier d'ici 2050. C'est huit fois l'objectif fixé par Kyoto, 40 ans plus tard.

À l'autre bout de la planète, l'Australie prévoit atteindre l'objectif du protocole de Kyoto, sans l'avoir ratifié, «grâce à une approche centrée sur la technologie et favorisant la croissance», dixit le ministre australien des Affaires étrangères, Alexander Downer. Bref, les conditions gagnantes se mettent en place afin de créer une industrie mondiale profitable, à court et à long terme, axée sur les nouvelles technologies vertes.

Au Canada, un rapport publié lundi dernier par le ministère des Ressources naturelles, intitulé «Feuille de route technologique sur la capture et le stockage du CO2 (CSC)», en arrive à la même conclusion.

«Le Canada est déjà reconnu à l'échelle internationale dans certains secteurs de la CSC et s'il est en mesure de maintenir sa compétitivité, il pourra en tirer d'importants avantages économiques», lit-on dans ce rapport. L'Alberta possède l'un des sous-sols les plus prometteurs au monde pour y stocker du CO2, une solution qu'aime bien l'industrie pétrolifère canadienne.

Le Québec actif

Face aux changements climatiques, le Québec bâtit aussi une industrie technologique qui pourrait bientôt exporter ses produits, grâce à un savoir-faire développé «à la dure»: inondations au Saguenay, crise du verglas, érosion côtière aux Îles-de-la-Madeleine, etc.

Alain Bourque est directeur du projet Ouranos, une création du ministère québécois du Développement économique, de l'Innovation et de l'Exportation, entre autres. Son but est d'aider le secteur public à changer ses pratiques en fonction de la nouvelle réalité climatique. C'est grâce à lui si, par exemple, le pont de la Confédération a été construit un mètre plus haut que prévu.

«On a voulu s'assurer que le pont durerait 100 ans, malgré l'élévation du niveau de la mer», causé par la fonte des glaces arctiques, explique M. Bourque. «C'est ce genre d'expertise que nous développons chez Ouranos.»

Déjà, le secteur privé commence à s'intéresser aux services de l'organisme. «L'industrie est encore très jeune, mais on travaille avec des firmes, comme SNC-Lavallin, qui ont déjà compris qu'il fallait revoir bien des règles d'ingénierie, à cause du climat», dit-il.

Selon Alain Bourque, il ne fait pas de doute que le talent développé par Ouranos, un OSBL, est profitable, et même exportable. «Ce n'est probablement pas pour rien si nous sommes financés par le ministère des Exportations!» répond-il à ce sujet.

Coupes de Harper

De son côté, le groupe d'architecture montréalais L'OEUF a remporté le troisième prix d'un prestigieux concours mondial d'architecture, le mois dernier, à Bangkok, pour le projet Benny Farm, à Notre-Dame-de-Grâce. Benny Farm fait un usage audacieux de technologies vertes et, depuis la récolte du prix Holcim, L'OEUF reçoit des demandes de partout dans le monde pour ses services.

«Il y a un intérêt mondial pour ce genre de produits», confirme le cofondateur du groupe, Mark Poddubiuk. L'architecte, tout comme Alain Bourque d'ailleurs, pense qu'il y a de nombreuses occasions d'affaires à l'étranger pour des entreprises comme la sienne.

Ce que M. Poddubiuk déplore, par contre, est le manque de ressources, au Canada, pour permettre à ces nouvelles technologies de se développer. «Au contraire, le gouvernement fédéral prévoit même annuler certains programmes, comme le Programme d'encouragement aux systèmes d'énergies renouvelables (PENSER)», dit-il.