Brokeback Mountain a été le premier film à sortir simultanément en DVD et sur Internet. Pour le même prix qu'un DVD, les Américains peuvent télécharger le film sur le portail Movielink, qui a déjà un concurrent, CinemaNow.

Brokeback Mountain a été le premier film à sortir simultanément en DVD et sur Internet. Pour le même prix qu'un DVD, les Américains peuvent télécharger le film sur le portail Movielink, qui a déjà un concurrent, CinemaNow.

Les internautes canadiens qui tentent d'accéder au site de Movielink sont immédiatement reconduits sur le site de Zip.ca. On peut naviguer sur celui de CinemaNow, mais le site n'a pas de licence canadienne, nous a expliqué un technicien par courriel.

Cette limitation réjouit Patrick Roy, vice-président du distributeur Alliance Atlantis Vivafilm. «La protetion du territoire est importante. Il faut limiter les droits d'exploitation.»

Est-ce que télécharger des films en ligne sera monnaie courante bientôt? Pas selon Patrick Roy. «La technologie évolue plus rapidement que les habitudes de consommation», répond-il. Alliance regarde déjà les différentes plate-formes Internet qui pourraient offrir le service. «Mais c'est le contenu et notre catalogue qui demeure important. Il faut convaincre les gens de regarder notre film plutôt qu'un autre.»

Richard Soly, président fondateur de SuperClub Vidéotron (1,6 million de membres au Québec) ne craint pas à court terme pour l'avenir des bons vieux clubs vidéo, bien que le marché connaît une baisse généralisée en Amérique du Nord. Oui, la seule décroissance que son entreprise a connue en 16 ans fut celle de 2005 (moins de 3%). Mais la température de l'été dernier - la saison la plus payante -, a été exceptionnelle. Et la qualité des films n'était pas là. «En 2005, le box-office américain a baissé (10% à l'été)», souligne-t-il.

Selon Stéphane Richer, vice-président du Club Vidéo International, l'arrivée des DVD haute définition va aider les clubs vidéo. Leur coût plus élevé va favoriser la location plutôt que la vente. La location vidéo connaît une baisse, mais «on prédit notre mort depuis 20 ans», lance-t-il à la blague. Il croit que l'avenir se trouve dans la complémentarité de l'offre: le marché de la revente, du prévisionné, etc.

Et le téléchargement de films sur Internet? «Avant que tous les consommateurs ne soient branchés à Internet haute vitesse... Quand c'est trop compliqué, les gens reviennent à la plus simple expression, répond Richard Soly. Et bien des clients vont directement voir les préposés pour leur demander quels bons films sont sortis.»

M. Soly doute aussi de l'impact des Zip.ca et Starflix.ca sur la location vidéo traditionnelle. Selon lui, il faut plutôt craindre Internet en tant que loisir. «Aujourd'hui, le petit gars de 15 ans peut passer 15 heures par semaine sur Internet. Au détriment des cotes d'écoute télévisuelles, de la lecture des journaux, etc.»

Comme Blockbuster aux États-Unis, Club Vidéo International es­saie le créneau de la location en ligne. Jusqu'à présent, le résultat n'est pas probant. «En ligne, les gens choisissent des films pour éventuellement les regarder. Dans les clubs vidéo, la disponibilité est instantanée», explique Stéphane Richer.

SuperClub Vidéotron a jugé que la location en ligne ne valait pas le coup. Et d'abolir les frais de retard? «Une énorme erreur commerciale, selon M. Soly. Aux États-Unis, les franchisés Blockbusters se sont retirés du programme No Late Fees.» Une question d'inventaire plus que de coûts. Chez SuperClub Vidéotron, les frais de retard représentent 4% des revenus.

Par plusieurs fois, nous avons tenté de joindre le service des communications de Blockbuster. La seule réponse que nous avons obtenue est venue par courriel. L'attachée de presse vantait la satisfaction de la clientèle. Rien sur les baisses de revenus, dont nous faisons état dans l'autre texte.

SuperClub Vidéotron a tout de même assoupli sa politique de retour. «Trois semaines après la sortie du film, on peut le garder une semaine pour le même prix. On s'est adapté», ne cache pas M. Soly.

Et les guichets automatiques de DVD? «Nous avons une machine, mais nous l'avons déménagée trois fois. Elle va sans doute finir au cimetière!»

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