La montée en puissance de Google inquiète Microsoft qui domine depuis de longues années le monde informatique, et cette rivalité croissante met en émoi Wall Street, qui cherche à savoir si le nouveau venu parviendra à détrôner le groupe de Bill Gates.

La montée en puissance de Google inquiète Microsoft qui domine depuis de longues années le monde informatique, et cette rivalité croissante met en émoi Wall Street, qui cherche à savoir si le nouveau venu parviendra à détrôner le groupe de Bill Gates.

Le thème du duel de titans fait depuis quelques semaines les choux gras de la communauté financière et des médias aux Etats-Unis.

Le sujet a été relancé par des résultats trimestriels contrastés. Le marché a salué pour Google, le numéro un mondial de la recherche sur internet, un bénéfice en hausse de 60% mais durement sanctionné Microsoft. L'action du leader mondial des logiciels a perdu sur un jour le 28 avril plus de 11% au lendemain de la publication de résultats qui ont déçu Wall Street.

Microsoft se sentirait à tel point menacé, notamment par la capacité de Google à générer de la publicité sur ses pages, qu'il envisagerait de s'allier au portail Yahoo!, peut-être en entrant à son capital, rapportait le 3 mai le Wall Street journal. Le groupe fondé par Bill Gates n'a pas commenté ces informations.

Pour Joe Wilcox, du cabinet Jupiter Research, les commentaires négatifs sur Microsoft ont été ravivés par le lancement officiel par le portail MSN de sa propre régie publicitaire (adCenter), après une période de tests. Selon l'analyste, c'est la preuve qu'il est grand temps de rattraper le retard pris sur Google.

«Microsoft a expliqué (sa contre-performance du dernier trimestre) par des recettes publicitaires en déclin. Une raison majeure est la transition en cours pour mettre en place ses propres technologies de recherche et de pub», indique Joe Wilcox. «Il faut embaucher de nouveaux vendeurs, les former», ce qui alourdit les dépenses, ajoute-t-il.

Unanimement, les analystes jugent que Google est le meilleur pour monétiser la consultation du web, en multipliant l'espace publicitaire en même temps que les destinations virtuelles. De nouveaux services en version expérimentale permettent aux particuliers d'échanger directement entre eux, à la manière d'eBay.

Les investisseurs dans l'internet «montrent en ce moment qu'ils doutent que Microsoft puisse finir par gagner la bataille», souligne Carmi Levy, de Info-Tech Research.

Avec le développement du haut débit, transformant la Toile en un nouveau vecteur pour distribuer des applications informatiques, la vente de logiciels sur CD prend du plomb dans l'aile et «le modèle Microsoft est en train d'être menacé», poursuit l'expert.

Pour autant, ajoute M. Levy, «Microsoft a l'habitude des retours après avoir été distancé».

C'est ce qui s'est passé ces dernières années dans les suites bureautiques, les logiciels pour serveurs et les navigateurs, où, à chaque fois, le groupe de Bill Gates a fini par «mettre KO le leader, respectivement WordPerfect, Novell et Netscape», souligne-t-il.

Le scénario du choc Google-Microsoft «n'est pas nouveau», renchérit Joe Wilcox, jugeant que «Google est pour Microsoft ce que Microsoft était pour IBM au début des années 80», à savoir un rival stimulant plutôt qu'un potentiel rouleau-compresseur.

Déjà à cette époque Microsoft et IBM avaient des terrains d'action qui ne se chevauchaient pas forcément; certes l'avènement du PC a bouleversé la donne pour IBM mais «son monopole dans les ordinateurs centraux a continué».

Aujourd'hui, explique encore M. Wilcox, «Google ne fait pas une suite Office, ni un système d'exploitation» pour les ordinateurs.

Devant ses actionnaires réunis en assemblée générale, le PDG de Google a donné cette semaine son avis sur la question: «si vous cherchez à savoir qui sera le gagnant et qui sera le perdant, vous vous trompez», a déclaré Eric Schmidt. «Il y a de la place pour plusieurs gagnants, Google sera l'un d'eux», a-t-il affirmé après avoir recensé «deux rivaux talentueux, Yahoo! et Microsoft».